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Immigration : thème majeur des prochaines élections européennes et tabou central du grand débat nati

Dépasser le clivage, éviter la récupération politique, et pourtant parler de la chose : voilà qui est devenu ardu quand il s’agit d’immigration.



Pourtant une réflexion apaisée est possible, hors de tout jugement, dans l’optique d’une écologie de l’humain et de la Nation. Invité de l’émission Salut les Terriens ce samedi 2 février sur ce même sujet, Alexandre del Valle développe ici les enjeux de l’immigration : non en terme de bienfaits et de méfaits, mais comme partie d’un tout dynamique dont il convient de comprendre les ressorts. Et il dévoile surtout le choix orwellien de nos élites qui consiste, depuis quatre décennies, à édulcorer les chiffres réels et couts de l’immigration puis à diaboliser tout discours anti-immigrationniste, sous couvert de ne pas « alimenter les extrêmes ». Mais cacher le réel et criminaliser les récalcitrants, à l’immigration incontrôlée et extra-européenne, majoritaires en France, n’est-pas le meilleur moyen de faire monter ces « populismes » que l’on prétend combattre en mentant et en invectivant ?


Habitude d’une certaine (auto)censure politiquement correcte mise à part, on ne comprend pas trop bien l’hystérie qui a fait de l’immigration un sujet tabou, alternativement sanctifié, dont la seule mention marquerait le locuteur du sceau de l’extrême-droite dès qu’il ne l’enrobe pas de piété humanitaire. L’immigration est un terme qui désigne le fait de s’installer dans un autre pays de façon permanente. Rien de plus, rien de moins. Elle n’est, intrinsèquement, ni bonne ni mauvaise : c’est un mouvement d’individus (plus récemment devenu mouvement de population). Il est curieux qu’à l’heure du discours écologiste (qui n’est plus l’apanage des seuls Verts), où on s’évertue à rappeler à tout un chacun qu’il fait partie d’un tout plus vaste qu’il s’agit de traiter avec plus d’égards, d’en préserver la diversité et la spécificité, on prétend encore que l’immigration, elle, serait un élément détaché, détachable en tout de la nation et des phénomènes identitaires. Or l’écologie n’est pas que l’affaire des arbres, des poissons et des abeilles.


Il y a toute une « écologie de l’humain », qu’on continue de mépriser. Par le prisme de l’émotion, on peut poser que l’immigration est quelque chose de beau en soi, de bon et de bien. Dans cette optique, l’immigration fait office de valeur cardinale, transcendant l’histoire et les contextes économique, politique et culturel. On pourrait s’embarquer dans une bataille de chiffres – les immigrationnistes clamant qu’ils sont plus faibles qu’on ne dit, les anti-immigrationnistes multipliant parfois à tout crin. Mais avant même de faire des sommes et des soustractions – et ce munis de chiffres partiels puisque les définitions de migrants et étrangers, les moyens d’acquisition de la nationalité française, l’immigration par voies détournées (visas étudiants, clandestins, faux réfugiés, etc), rendent la chose malaisée, comme l’a bien noté la démographe Michèle Tribalat – il faudrait s’accorder sur un point. Le phénomène de l’immigration, loin de toute transcendance béatifiée ou de diabolisation, entraîne d’emblée la mise en présence et l’interaction d’au moins deux parties : l’immigré (sur fond de « pays d’origine ») avec sa civilisation propre lorsqu’elle est différente, et le « pays d’accueil » (terme dont la scansion médiatique pourrait faire croire, à tort, qu’un pays ne se définit que par cette dimension). Bien sûr, la France peut intégrer de nouveaux éléments ; elle l’a fait et continuera à le faire, mais à certaines conditions et s’il elle s’en donne les moyens et la volonté politiques. Sa perméabilité est acquise, sa souplesse un peu moins : il lui faut des structures solides et fortes, or ses fondations vacillent ; il lui faut des ressorts (et des amortisseurs) sociaux, et ceux-ci sont moribonds. Il ne suffit pas de parler d’apport ou de coût financier, et d’ignorer tout bonnement les dynamiques sociales à l’œuvre dans ce processus. Ce sont des forces qui sont mises en présence, or leurs vitalités diffèrent. La prégnance de la religion par exemple, la transmission de la culture, « l’habitus » comme disait Bourdieu (qu’on ne suspectera pas d’essentialisme), caractérisent ces groupes d’individus (sans qu’ils y soient réduits). On ne voit pas que lorsqu’on note que le souci de l’esthétique est caractéristique de l’approche japonaise, on les y « réduise » en ignorant par ailleurs les mangas, les sumos, et les nids d’hirondelle).


La capacité d’absorption et d’étirement de la France est mise à mal justement (mais pas seulement) par le silence imposé autour des effets de l’immigration, dans une société dont les individus ne se sentent plus aucune légitimité à se réclamer d’une spécificité française (phénomènes de la culpabilisation généralisée et de « l’auto-racisme » post-colonial et post-totalitaire). A voir le mal absolu là où il n’y a que des citoyens excédés par les signes visibles de l’étranger aux valeurs hostiles dans leur quotidien, on a du même coup supprimé la dernière soupape : sans voie (même minime) d’évacuation, la pression menace, le tissu se déchire. A ce titre Christophe Guilluy avait bien vu lorsqu’il décrivait le Rassemblement National (alors FN) de « baromètre de l’inaction des partis au pouvoir » ; nous ajoutons seulement la censure à l’inaction. Pourquoi parler de chiffres, vu ce qui précède ? Parce que justement, quand on parle de pays d’origine, de forces en présence, il s’agit de comprendre des dynamiques. Une importation massive de « voisins » belges plus ou moins laïques, d’italiens souvent catholiques ou de marocains majoritairement musulmans n’implique pas les mêmes étirements du tissu social, de la trame culturelle, ou des fibres affectives. On peut déclarer cela sans avoir besoin d’établir de hiérarchisation, qui d’ailleurs n’éclairerait le phénomène en rien. Passons donc aux chiffres.


Immigration : chiffres édulcorés pour ne pas «alimenter la haine » et chiffres réels


«95 000 demandes d'asile par an, une grande ville chaque année». Cette phrase n’est pas celle d’un cadre du RN, mais de l’ex-Ministre de l’intérieur et actuel Maire de Lyon, Gérard Collomb. En moyenne, ce sont 300 000 nouveaux migrants qui arrivent en France chaque année, avec un pic à près de 400 000 pour 2017 si l’on compte les clandestins et les mineurs non-accompagnés. D’après les calculs savant de la démographe de l’INED Michèle Tribalat, la France ne compterait pas 6 ou 7 millions d’immigrés, comme on l’entend dire « officiellement », mais au moins 12 (en 2011, donc plus encore depuis), si l’on compte non seulement les immigrés encore étrangers et ceux qui ont été naturalisés. Elle rappelle aussi que 20 millions de Français ont au moins un des quatre grand parents étranger, ce qui est le plus fort taux en Europe avec la Belgique. Enfin, pour ce qui est des régularisations, formidable appel d’air ou pompe aspirante à clandestins, on les dénombre depuis 1981 un million. Et depuis cette même date, le chiffre s’élève à 1,8 millions d’âmes si l’on ajoute à ce un million les 800 000 clandestins supposés présents sur notre sol.

L’immigration « stable » depuis les années 1990 ?


Depuis les années 1970, on nous rabâche les oreilles avec le mythe d’une immigration « stable ». De la même manière, on persiste à nous enseigner la fable d’une communauté musulmane de 5 ou 6 millions d’âmes, un chiffre qui n’aurait pas évolué depuis… 1990 ! une aberration dénoncée par l’ancien conseiller et ministre de Jacques Chirac, Azouz Begag lui-même qui estime le vrai chiffre à 12 millions. En réalité, l’immigration est en constante hausse depuis les années 1980 : la délivrance de visas a constamment augmenté, y compris sous la droite (Chirac-Sarkozy), le taux de demandes d’asile aussi a littéralement explosé, du fait d’une majorité de non-éligibles qui détournent la procédure. Il n’y a pas d’ailleurs pas suffisamment d’infrastructures pour accueillir les réfugiés. Or la seule réaction des médias et politiques a été de pointer la xénophobie des français.


Macron et Merkel dernièrement n’ont cessé de faire des allusions à la seconde guerre mondiale. Dans son livre de 2014 « Les Migrations pour les Nuls », Jean-Paul Gourévitch, consultant international spécialiste de l’Afrique et des questions migratoires, a apporté des chiffres, confirmés depuis, qui ne confirment pas du tout l’emballement pro-migratoire là où d’autres affirmaient que l’immigration en France produisait un bénéfice pour l’État (« une chance pour la France »). Gourévitch est souvent revenu avec raison sur l’étrange calcul de l’INSEE, pour qui « entrants » et « sortants » seraient de simples unités interchangeables, sans distinguer entre expatrié et migrant. L’INSEE avance ainsi un « solde migratoire » de +33 000 pour 2016. Or en ajoutant le « solde naturel » (naissances – décès) au solde migratoire de l’immigration (arrivants – sortants), Gourévitch arrive à une population étrangère en France ayant augmenté de 316 000 personnes en 2016. En termes clairs, à ce rythme, la France accueillerait 3 millions de nouveaux venus sur son sol en 10 ans… D’où vient donc cette différence de chiffre du simple au décuple ? EN fait, l’INSSEE édulcore les chiffres en estimant que des Français qui partent sont à retrancher du nombre d’étrangers qui arrivent, une aberration intellectuelle puisque plus les Français partent et plus le nombre d’étrangers en proportion grandit.


Les couts exorbitants de l’immigration, l’autre tabou


Le déficit budgétaire (c’est-à-dire dépenses moins recettes) de l’immigration légale a été chiffré par Gourévitch à 8,5 milliards d’euros, et à 3,7 milliards pour la seule immigration illégale, soit un total de 12,2 milliards pour l’année 2016, sachant que les dépenses pour l’immigration illégale se sont encore accrues en 2017-2018. Il convient d’ajouter à cela les investissements publics dans l’éducation et les programmes d’intégration (que le Pacte migratoire onusien adopté le 11 décembre à Marrakech préconise encore d’augmenter et systématiser), ceci alors que la dette extérieure de la France s’élève 162% du PIB (presque 3 000 milliards d’euros). Et le financement public de l’immigration a encore très sensiblement augmenté en 2018 puis début 2019. En avril 2018, Xavier Chojnicki, Lionel Ragot et Ndeye-Penda Sokhna, jadis enclins à affirmer que l’immigration rapportait, ont publé un rapport sur « l’impact budgétaire de 30 ans d’immigration en France » et ont conclu que la contribution nette des immigrés a « généralement été négative sur l’ensemble de la période » (1979-2011). Les autres conclusions du rapport sont autrement inquiétantes puisqu’elles révèlent qu’en période de crise économique, la population immigrée est particulièrement vulnérable. Ainsi, en 2011, les immigrés étaient pour plus de 17% du déficit primaire par habitant en France.


L’Immigration étudiante pas si vertueuse que l’on croit


Campusfrance.org, sous l’égide de l’Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, estime à 325 000 le nombre d’étudiants étrangers en France, « le 1er pays d’accueil non-anglophone » (l’Europe étant le « premier continent d’accueil des étudiants du monde»), à savoir une « croissance de plus de 12% en 5 ans. Près de la moitié (45%) des étudiants accueillis en France sont originaires du continent africain. » La France est ainsi une zone d’accueil « privilégiée de la jeunesse africaine ». 57,7% des « étudiants marocains mobiles », près de 50% des étudiants mobiles tunisiens, et une proportion bien plus grande dans le cas des étudiants mobiles algériens, vont en France. Ainsi le Maroc, la Chine, l’Algérie, la Tunisie, sont les pays d’origine les plus représentés parmi les étudiants étrangers en France. Si les étudiants italiens ont augmenté de 53% en 5 ans, les étudiants de Côte d’Ivoire ont augmenté de 64% sur la même période. Pour découper les choses encore autrement, les étudiants en provenance d’Afrique du Nord ont agmenté de 11,1% sur la période 2011-2016, ceux d’Afrique subsaharienne de 16,4%. Le nombre de visas d’études accordés par la France a augmenté de 12% en cinq ans, avec un accroissement des demandes accordées (85,7% des demandes en 2016), en particulier pour le continent african et l’Asie-Océanie. Or pour tous ces chiffres il faut compter que le mode de comptage des étudiants mobiles a été modifié, « le critère du pays de diplôme secondaire remplaçant celui de la nationalité pour comptabiliser les étudiants en mobilité. La France, dont une partie des étudiants formés dans le pays est issue de l’immigration et de nationalité étrangère, a donc vu les chiffres de sa mobilité étudiante entrante reculer mécaniquement d’environ 15 %. »


En novembre 2018, Edouard Philippe annonçait la hausse des frais de scolarité pour les étudiants extra-européens (ils payaient jusque là 170 euros pour s’inscrire en licence, 243 euros pour un master, 380 euros pour un doctorat selon Le Monde, qui d’ailleurs critiqua « l’ambiguïté de la politique française à l’égard des étudiants étrangers » et interpréta cette mesure comme « Allez ailleurs, ne venez pas en France » ! En réalité, s’il s’agit d’une hausse significative des frais d’inscription (2 770 euros pour une année de licence, 3 770 euros pour une année de master), cela ne représente toujours qu’un tiers du coût des études : les deux tiers restants sont toujours à charge de l’Etat français.


La France reste un pays où les études supérieures sont relativement abordables tout en étant de qualité. Or en plus du coût pour l’Etat, le visa étudiant est utilisé (dans des proportions difficiles à établir) pour immigrer par des individus qui n’ont d’ailleurs pas l’intention d’étudier. Mais puisqu’ils sont enregistrés comme étudiants, ils ne sont pas repris dans les chiffres de l’immigration proprement dite.


Pourquoi est-ce si compliqué ?


Si les chiffres de l’immigration font l’objet de débats passionnés au terme desquels il est encore bien difficile de trancher, c’est que les méthodes de comptage changent (comme dans le cas des étudiants étrangers « mécaniquement » réduits de 15%), ou ne prennent pas en compte des données pourtant cruciales. Par exemple, la naturalisation se fait en France selon plusieurs modalités : par mariage, par acquisition, par droit du sol. La durée du séjour en France posée comme condition est de maximum cinq ans….sans durée minimale pour ceux ayant le statut de réfugié en France. De même, pour ceux issus d’un Etat francophone (19 pays d’Afrique) et ayant le français pour langue maternelle. Selon les documents du gouvernement, le total d’immigrés en France serait (chiffres de 2015) de 6,17 millions (dont 3,76 millions nés hors de France).


Ne sont pas comptés dans l’immigration les Français par acquisition nés en France, ni les Etrangers nés en France (660 000). Certes on peut comprendre qu’une fois acquise la nationalité français, on ne veuille pas être « ramené à ses origines » ad vitam aeternam, mais il y a la part administrative d’un côté (même vécue avec émotion), et, de l’autre, la part sociétale où l’on tente de comprendre les inflexions culturelles et démographiques imprimées à la société. La naturalisation ne peut en principe être accordée à un individu condamné à une peine de 6 mois, d’un crime ou d’un délit « constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation », pour un acte de terrorisme (« sauf en cas de réhabilitation » dans les trois cas de figure).


Mais il faut encore voir qui est condamné et qui ne l’est pas. Par exemple Djamel Beghal, le mentor des frères Kouachi, avait été arrêté dans le cadre de son association avec le GIA, mais non condamné. Il a été naturalisé français un an plus tard. De nombreux exemples confirment ce type de laxisme problématique. Certes, les naturalisations sont en baisse de 7%, mais encore faudrait-il comprendre les chiffres : les naturalisations par mariage sont en hausse de 20,2 % (chiffres du ministère de l’Intérieur), celles par décret en baisse de 14%, celles par déclaration (pour ascendants et fratries) en hausse de 74% ! On peut se demander si en fait de baisse, il ne s’agit pas plutôt d’un déplacement des naturalisations vers la voie par déclaration, et que cette baisse sera en fait rattrapée.


Les conséquences sociologiques et civilisationnelles sous-estimées du regroupement familial


Depuis les années 1970, le regroupement familial, généralisé à l’ensemble des pays de l’Union européenne sur demande expresse de celle-ci, permet à un étranger (en situation régulière depuis 18 mois seulement) d’être rejoint en France par son époux/se et ses enfants, ceci même s’il est polygame et a de nombreux enfants. L’étranger concerné peut ensuit faire venir ses parents à titre de « visiteurs », c’est-à-dire qu’ils obtiennent une carte de séjour valable 1 an, renouvelable, et s’engagent à ne pas travailler en France. L’étranger en question ne doit être sur le sol français que depuis 18 mois, et disposer d’un titre de séjour d’au moins un an (salarié, vie privée et familiale, étudiant, visiteur). Les conditions financières varient selon la taille de la famille : pour 2 ou 3 personnes, l’étranger doit disposer d’un revenu équivalent au Smic.


Pour 4 ou 5 personnes, 1307 euros. Pour 6 personnes ou plus, 1425,50 euros, sachant que le RSA ne compte pas comme « ressources ». On voit donc qu’il ne suffit pas de faire le partage de l’immigration légale et illégale : les voies légales sont multiples, et un individu peut faire entrer sa famille de plusieurs façons, ce qui représente à terme, des millions d’âmes et une « pompe aspirante » quasi infinie étant donnée la natalité des pays d’Afrique noire et musulmane qui représentent au moins 50 % des provenances des immigrants. A nouveau, il ne s’agit pas de dire que c’est fondamentalement bien ou mal, mais d’identifier de multiples facteurs de changements de la société dite « d’accueil », au point de n’en faire que cela, au détriment de la Nation.


Accueillir la misère du monde ?


"On ne peut pas accueillir toute la misère du monde" - il y a du simplisme et peut-être même de l'hypocrisie dans cette phrase célèbre de l’ex-Premier Ministre Michel Rocard, mais aussi pas mal de bon sens. Où placer la limite ? A ceux qui dressent l’image d’Alan Kurdi – le petit garçon retrouvé mort sur une plage de Turquie (mai opportunément déplacé à des fins médiatiques), on pourrait répondre par celle du petit Julian Cadman, mort dans l’attentat de Barcelone en 2017. Mais l’indécence n’est pas répartie de la même manière chez les immigrationnistes et les citoyens lambda victimes de migrants islamistes… Ce ne serait ni utile, ni très honnête : ça ne prouverait rien quant à notre compassion, seulement qu’on sait l’utiliser tout aussi bien. A vrai dire, on aurait envie de retourner la question: comment hiérarchise-t-on la douleur des individus?


A quel moment dit-on cet enfant-là mérite "l'accueil" français, la solidarité nationale, peu importe qu'à terme elle coûte à cette solidarité nationale alimentée par les citoyens, qui n'ont eux-mêmes pas toujours les moyens de subvenir aux besoins de leurs enfants (3 millions d'enfants dans la pauvreté en France). Plutôt que de demander si cet autre qui ose réclamer des comptes sur l’immigration a un cœur – qu’on nous dise comment le leur fonctionne qui, à coup de compassion suscitée, exige de tout le monde de s'adapter aux dysfonctionnements, déficits et crimes d'un pays à l'autre bout du monde? Qui sous couvert de leur royale émotion pour l'enfant là-bas (alors que nous ne sommes pas en déficit d'enfants malheureux) entendent imposer à la France qu'elle soit "ouverte" comme s'il s'agissait du sac de Mary Poppins dont on tire indéfiniment les remèdes magiques? On peut parler de compassion, de respect, de devoir, mais où sont-ils quand il s'agit de pérenniser ce qui a justement permis à la France d'être un pays en mesure d'accueillir un certain nombre de personnes? Cela place toute la responsabilité sur la France du fait de la détresse des réfugiés. Si on prend l'exemple de Denis Mukwege – « l'homme qui répare les femmes », certes on retient le prix Nobel, son travail extraordinaire (il a développé toute une chirurgie novatrice dans son hôpital de la République démocratique du Congo), mais on n'a pas l'air de noter la chose suivante: en quinze ans, 40 000 femmes sont venues à lui avec des mutilations gravissimes de l'appareil génital. On ne voit pas ce genre de pratiques en France. Son hôpital continue de recevoir 3 000 femmes par an.


Alors certes, on peut s’émouvoir – il y a de quoi, toujours – et réclamer que ces 3 000 femmes par an viennent en France, à charge pour le pays de les réparer - psychologiquement aussi, de donner les conditions d'une transmission au-delà du trauma. On peut aussi remarquer que dans certains pays, le viol est affaire courante. Tout ça pour dire qu'abstraire les individus de leur contexte, sous le seul coup de l'émotion, empêche de voir un problème bien plus profond : civilisationnel. Pourquoi continuer à ignorer ces facteurs culturels qui ne sont ni neutres ni forcément « positifs », mais exiger que l'identité française se façonne autour de cet impératif de compassion

?


L’Aide au développement en question


Le gouvernement Macron entend accroître l'aide au développement - nous sommes cinquièmes au monde après les Etats-Unis, l'Allemagne, le Royaume Uni et le Japon. Notre contribution est de 9 milliards d'euros, certes encore en deçà de l’objectif de l’OCDE de 0,7% du RNB – ce que les ONG ne manquent pas de rappeler à l’Etat français. Ceci dit, en 2006 déjà, deux chargés de recherche au Center for Global Development critiquaient ce calcul, notamment parce que cette « cible » s’appuyait sur « une fraction statique de l’économie des pays riches » et non les besoins des pays destinataires, et se basait ainsi un indicateur « dénué de rapport avec la question ». Il faudrait être complètement inhumain pour n’être pas touché par la détresse des réfugiés, en particulier celle des enfants.


Mais au-delà de cette émotion, de la compassion, et avant même de rappeler que la France compte déjà (selon les chiffres du gouvernement) 3 millions d’enfants pauvres avec des effets constatés sur l’apprentissage et le développement, la santé, et que la maltraitance infantile touche près d’un Français sur quatre, il faut comprendre qu’émotion et responsabilité sont deux choses différentes, et que, d’ailleurs, elles n’incombent (pour autant qu’on soit sommé d’être ému) pas aux mêmes instances. Le rôle du politique est la préservation de la sécurité nationale, la défense de l’Etat-Nation, de ses valeurs et de ses habitants-citoyens nationaux, avant toute chose. L’intérêt froid des nations prime par conséquent sur l’émotionnel qui est même dangereux s’il devient le gouvernail du politique.


Le jeu des extrêmes ?


Assez de candeur, on sait que quand on entend cette phrase « n’avez-vous pas peur de faire le jeu de… », il s’agit toujours de l’extrême-droite, comme si l’extrême-gauche, toujours meurtrière et bien plus présente dans les phénomènes de violence extra-anti-parlementaire, n’était pas encore plus dangereuse.


Tout se passe donc comme si malgré un siècle « d’expériences » socialistes désastreuses, l’opinion et nos dirigeants ne devaient toujours pas craindre et reprocher à qui que ce soit de « faire le jeu de l’extrême-gauche », cette même extrême-gauche dont l’impunité vient justement du fait qu’elle instrumentalise l’émotionnel, et fait de l’antifascisme et de l’antiracisme les justifications d’une immigration massive, incontrôlée présentée comme seule façon de racheter des fautes « colonialistes », « esclavagistes » et « collaborationnistes » passées.


Bref, l’Occident honni coupable de tous les maux, à commencer par la France piégée par son universalisme droitdelhommiste subverti, ne pourrait trouver un chemin d’expiation, comme l’Allemagne d’ailleurs, par une auto-submersion démographique et civilisationnelle qui était déjà redoutée dans les années 1970 par le grand démographe Alfred Sauvy.


Quid des citoyens ?


On peut gloser encore longtemps sur le bien-fondé du ras-le-bol des citoyens : il n’empêche qu’il est là. Il est, lui aussi, de l’ordre de l’émotion, mais cette « émotion »-là a été présentée et caricaturée par nos élites mondialisées et bobos (les Italiens disent « Radical-chic ») comme « une passion triste », un relent de « racisme », une porte d’entrée pour les « populismes » et le retour de la « peste brune »... Les électeurs français hostiles à l’immigration acculturante et extra-européenne qui ont tenté de porter le débat de l’immigration au début de l’aventure rebelle des Gilets Jaunes ont d’ailleurs été comparés à des « lépreux »… Qu’on le veuille ou non, et n’en déplaise aux élites bourgeoises qui résident dans des quartiers très blancs, surs et non islamisés, l’immigration - telle que la vivent des millions de Français et Européens « de souche » - a des effets délétères très concrets sur l’équilibre de la société, et il serait dangereux de les ignorer, faute de quoi, les Orban et les Salvini se multiplieront partout et ces élites libertaires-mondialistes de gauche ou bobos seront balayées par le désir des peuples de survivre.


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ANNONCE : CE SAMEDI 2 FÉVRIER, ALEXANDRE DEL VALLE DÉBATTRA DU SUJET TABOU DE L'IMMIGRATION CHEZ THIERRY ARDISSON DANS SALUT LES TERRIENS.



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