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En route vers la partition ?.... Entretien avec l'intellectuel et écrivain Christian de Moliner

Alexandre del Valle s'est entretenu avec l'essayiste Christian de Moliner pour revenir sur l'actualité du procès de Charlie Hebdo qui vient de s'ouvrir, sur le phénomène "d'ensauvagement" de la France, le laxisme judiciaire, la montée du séparatisme islamiste ou encore les risques de fractures graves au sein de la société française, voire le spectre d'une guerre civile.


Ancien professeur en classe préparatoire, Christian de MOLINER vient de sortir à six mois d’intervalle deux livres iconoclastes. Dans le premier au titre volontairement provocateur, mais parlant « La réserve, avenir du Français de Souche » , cet auteur établit d’abord un panorama mondial et historique des divers conflits ethniques et religieux ; il montre ainsi que de la différence naît nécessairement l’affrontement. Il conclut le livre en se demandant si « les Français de souche » auront bientôt droit à leur réserve à l’instar des Indiens d’Amérique. Mais cette interrogation bien sûr est une provocation. Christian de Moliner vient également de publier un thriller « Trois semaines en Avril » qui se déroule dans un avenir proche assez effrayant. La France a quitté l’euro, les émeutes ethniques sont la règle et seules l’armée et la police maintiennent un semblant d’ordre. Le roman présente les brèves et tragiques amours de Xavier le militaire et de Fatima l’institutrice musulmane qui se dresse contre les islamiques.


Alexandre del Valle : Vous étudiez l'évolution de la société française depuis des années, notamment dans vos fonctions de professeur et dans vos essais. Comme vous le savez, le procès Charlie vient enfin de s'ouvrir, après 5 ans d'attente. L'ouverture de ce procès a suscité des débats houleux autour de la question du blasphème, de facto puni de mort par les jihadistes qui intimident de l'intérieur l'Occident, puis du problème du laxisme judiciaire. Au même moment, le directeur de Valeurs Actuelles Geoffroy Lejeune a été victime d'une nouvelle forme de censure réclamée par la gauche et des lobbies "antiracistes" "néo-racisés", dits "indigénistes", en raison des caricatures de Valeurs actuelles à propos de la députée d'extrême gauche Danielle Obono. Cette dernière a d'ailleurs écrit et dit qu'elle ne "pelure pas Charlie" et a souvent refusé déclarer qu'elle aimait la France....Qu'est-ce que tout cela vous inspire?

Christian de Moliner: Le procès de Charlie Hebdo vient de s’ouvrir 5 ans après les faits. Une majorité de musulmans considère que le blasphème doit être puni, tandis que 20 % des fidèles du Prophète approuvent l’attentat, d’autant plus qu’ils sont jeunes. La coupure au sein de la société française est donc profonde, voir irrémédiable. Nous avons désormais affaire à deux peuples différents. Charlie Hebdo est le symbole de nos divisions et le prodrome d’un avenir difficile.


Malheureusement, outre les islamistes qui étendent leur emprise et leur pré carré, la France subit le choc de l’idéologie racialiste : avec les affaires Traoré où la justice française est méprisée et la toute récente polémique autour de Danielle Obono. Les propos de cette dernière quels qu’ils soient sont minimisés, tandis qu’on tombe à bras raccourcis sur valeur actuelle, qui certes n’a pas fait preuve de subtilité, mais n’a pas publié un texte raciste.


Mais la société française n’est plus équitable depuis longtemps. Les racialistes et autres racisés peuvent déverser sans être poursuivis leur propagande anti-blanc qui frôle le racisme, mais on ne passe rien à ceux qui veulent défendre l’identité française. Ce mépris profond du « Blanc », cette perpétuelle remise en question de ceux qui sont encore majoritaires dans leur pays sera source de frustration et provoquera tôt ou tard une réaction violente.


A. Del Valle : Christian de MOLINER, vous venez de sortir un thriller terriblement pessimiste « Trois semaines en avril ». Dans votre livre, suite au Covid 19, la France connaît une crise économique cataclysmique générant 8 millions de chômeurs et induisant des émeutes et la guerre civile.

C. de MOLINER : L’impact économique du covid est inconnu à ce jour, mais il sera lourd et les risques d’une déflagration ethnique et religieuse sont élevés, indépendamment de la récession qui menace. Il suffira d’une étincelle pour allumer le brasier. Souvenez-vous des émeutes de 2005 : les forces de l’ordre ont peiné pour reprendre le contrôle du pays et il a fallu proclamer l’état de siège.


Depuis, la situation s’est encore dégradée. En 2020, les policiers n’osent plus effectuer d’interpellations dans une centaine de zones. Les invraisemblables émeutes des Grésilles à Dijon démontrent l’étendue de la sécession. Le gouvernement envisage des mesures en partie sécuritaires pour la contrer. On ne connaît pas ce dispositif, mais il risque d’être insuffisant, car nous avons dépassé le stade de la simple police ; tôt ou tard, il faudra déployer des unités militarisées (gendarmes dans un 1iertemps, soldats dans un 2ième). Bientôt, comme dans mon thriller, la loi martiale sera mise en place sur des portions du territoire, la France sera en proie à une insurrection permanente intriquant délinquance et activisme religieux à l’instar de ce qu’a connu l’Irlande du Nord entre 1970 et 1998


A Del Valle : Vous évoquez souvent dans vos livres la guerre civile en France. Vous avez notamment sorti en 2018 « La guerre de France » dont le nom rappelle évidemment la guerre d’Algérie et dont nous avons parlé dans ces colonnes.

C. de MOLINER : « La guerre de France » décrivait la fin de la déflagration : un cessez-le-feu étant négocié entre identitaires et islamistes. « Trois semaines en avril » décrit le début du conflit. Ce dernier thriller est une histoire complète que je me suis efforcé de rendre captivante et émouvante et dont j’ai essayé de travailler le style.


A. Del Valle : Dans votre roman, vous donnez la parole à tous les protagonistes quels qu’ils soient, en prenant évidemment de nécessaires précautions oratoires quand les opinions étaient par trop excessives.

C. de MOLINER : En effet, je me suis efforcé de ne trahir personne : je rapporte sans les censurer les propos que peuvent tenir un islamiste, qui voudrait imposer la charià à l'univers, un « centriste » qui croit en la coexistence harmonieuse ou un identitaire partisan de la remigration en censurant bien sûr le racisme.


A. Del Valle : Selon vos thrillers, notre pays sera vivisecté en 3 entités reliées par un vague lien confédéral : des zones islamiques où la charia sera appliquée, des enclaves réservées aux « Français de Souche » et assimilés, et le reste du pays. Cela fait peur!

C. de MOLINER : Cette vision cauchemardesque est malheureusement plausible. Je l’ai également développée dans mon essai volontairement provocateur et au titre parlant « La réserve, avenir du Français de Souche » paru fin 2019. Nous pouvons peut-être éviter le pire ; cependant nous serons sans doute obligés de passer un compromis, réactivant sur la base du volontariat le statut coranique qui a disparu en 1962.


De telles concessions alliées à une fermeté sans failles et une lutte contre la criminalité constituent à mon avis la seule façon de ramener la paix sans trop compromettre l’équilibre du pays. Cependant il ne faut se faire aucune illusion. La partition est déjà bien avancée : selon un sondage récent plus de 20 % des jeunes musulmans approuvent les attentats de Charlie Hebdo ! Notre pays est fracturé en deux rameaux qui n’ont absolument rien en commun si ce n’est d’habiter dans L’Hexagone. Nous avons également vu lors des élections municipales, l’émergence de listes communautaires. 5 % des Français ont voté pour des listes proches des islamistes et dans toute la France, on trouve des élues voilées notamment dans des équipes de Gauche.


De même, on parle dans de grandes villes de mettre en place des horaires séparées pour hommes et femmes dans les piscines et les salles de sports tandis qu’on autorise le burkini. L’islamisation de la société progresse rapidement.


A. Del Valle : Croyez-vous qu’elle soit irréversible ?

C de MOLINER : Je le crains surtout que l’islamisation bénéficie du soutien des pays du Golfe, de la déstabilisation opéré par les Frères musulmans, que vous avez si bien mis en exergue dans votre essai « Le projet ». N’oublions pas non plus le jeu trouble du Sultan néo-ottoman Erdogan. Ce dernier place ses pions, étend son emprise sur les associations culturelles. Cela n’est pas propre à la France, il agit de même dans tout l’occident pour obtenir une vraie capacité de nuisance.


Le pire, je pense, est la montée de l’intolérance d’une partie des musulmans qui imposent tranquillement leurs lois. Deux événements sont passé inaperçus alors qu’ils sont effrayants : dans les marchés autour d’Avignon, des fondamentalistes islamistes auraient dissuadé des charcutiers et des bouchers proposant du porc de s’installer, proscrit des stands où l'on vend de l’alcool et des vêtements « légers » pour femmes. Dans un train, deux contrôleurs ont réussi à exfiltrer sans dommage un homme qui était venu à la rescousse d’une jeune femme importunée par 4 jeunes pour sa tenue prétendument indécente. Les agresseurs bien entendu ne seront pas poursuivis et recommenceront à la première occasion. Nous sommes loin de la tolérance demandée pour les tenues « islamiques » il s’agit maintenant d’imposer les normes fondamentalistes à l’ensemble de la société Française. Le pire c’est qu’on ne fait rien. La France abdique sans se battre. Nous sommes dans le scénario de Soumission de Michel Houellebecq.

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