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Symboles religieux : la troublante convergence des “luttes” de la France insoumise et des organisati

Certains députés de la France insoumise ont décidé de demander le retrait du drapeau européen dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, au motif qu'il serait inspiré d'un symbole chrétien.


https://www.youtube.com/watch?v=0jl1dqx5CPc


Atlantico : Y a-t-il une convergence d’idées entre l'extrême gauche et les islamistes radicaux ? Comment les deux se rejoignent-ils ?


Alexandre Del Valle : C'est une question fondamentale, souvent caricaturée, mais qui fait référence à une réalité idéologique et géopolitique profonde et lourde d’effets. Il s’agit tantôt d’une convergence, tantôt d'une alliance en bonne et due forme, face à des ennemis communs et dans le cadre d’un objectif convergeant de déstabilisation de « l’Etat-bourgeois » et de la civilisation judéo-chrétienne occidentale.


Certes, l'extrême gauche marxiste, fondamentalement anti-religieuse, matérialiste, anticléricale et athée, semble être au départ l’ennemie philosophique la plus radicale de l’obscurantisme islamiste. A ce titre, on se rappelle que, pendant la guerre froide, le « monde libre » a financé et aidé nombre de groupes islamistes pour combattre « l’empire du Mal » (URSS), puis les partis communistes dans les pays arabes et les Etats socialistes en général.

Mais dans un autre contexte que la guerre froide, depuis l’aventure de la Tricontinentale, et surtout depuis une quarantaine d’années, en Iran et dans les démocraties occidentales, on a assisté également à un mouvement diamétralement opposé qui a vu le renforcement de l’alliance entre une grande partie de l'extrême gauche tiers-mondiste et subversive d’une part, et, de l’autredes mouvements islamistes radicaux dont l'ennemi commun est l’Occident capitaliste judéo-chrétien.


Des points communs négatifs

Certes, il s’agit là d’une « alliance négative », puisque l'extrême gauche partage avec l’islamisme radical anti-occidental une même haine envers les Juifs-sionistes, Israël, le christianisme, la civilisation occidentale « croisée-impérialiste », la société de consommation, l’individualisme et la démocratie libérale, ce qui fait tout de même de nombreux points communs négatifs.


Des points communs positifs

Parmi les points communs positifs, peu nombreux, on trouve certes une propension à l’égalitarisme et une même passion internationaliste-universaliste utopique. Cela s’est traduit dans les années 1970-1980 par l’alliance révolutionnaire entre les religieux chiites et les partis communistes et gauchistes en Iran avec la révolution islamiste de l’Ayatollah Khomeiny, puis dans la synthèse « islamo-marxiste » des Moudjahidines du Peuple, sans oublier les ancêtres du Hezbollah libanais. Côté sunnite, on doit mentionner le premier idéologue de référence du jihadisme, Sayid Qutb, figure des Frères musulmans, ex adepte du léninisme qui en a adapté le modus operandi et la praxis à l’islamisme radical frériste.


Islam et « French theory »

A un autre niveau, plus franco-français, on retrouve cette alliance « Rouge-Verte » dans le soutien d’une grande partie de la gauche marxiste hexagonale à l’Ayatollah Khomeiny et aux propos élogieux de Foucault et Sartres à propos de la révolution islamiste iranienne de Khomeiny. On retrouve ce phénomène avec les récents propos de Jean-Luc Mélenchon qui déplore le caractère « confessionnel » chrétien du drapeau européen et ne rate jamais une occasion de dénoncer l’intolérance catholique et chrétienne, mais qui ne veut jamais fustiger nominé ment l’islamisme, fut-il radical ou même terroriste. Cette Vieille alliance apparemment contre-nature ne date donc pas d'hier et elle unit depuis des décennies des extrémistes islamistes et des révolutionnaires marxistes tous les deux farouchement anti-occidentaux et unis dans la volonté de déstabiliser les Etats-nations « croisés-impérialistes »ou de subvertir leurs valeurs universalistes. Comment ? D'un côté, les islamistes prônent un communautarisme islamiste, une séparation juridico-morale de facto ou de jure entre musulmans et non-musulmans (« apartheid volontaire), ceci afin de saper le processus d’assimilation et d’intégration et, de l’autre, l'extrême gauche appuie ce type de projet visant à déstabiliser la société occidentale dans le cadre de l’impératif révolutionnaire de démantèlement de « l’Etat bourgeois capitaliste » et de la civilisation judéo-chrétienne « aliénante » honnie.


Autre combat commun fondamental, du point de vue de la stratégie de mobilisation : la lutte contre Israël et le sionisme, obsession commune des deux mouvances idéologiques : dans les manifestations pro-Palestine ou « anti-Israël », en France ou ailleurs, les observateurs sont souvent frappés par le mélange entre militants d'extrême gauche antisionistes pourtant violemment athées et radicaux islamistes judéophobes adeptes de la théocratie califale et de la Sharià qui punit de mort l’athéisme...


Pour récapituler, les Rouges et les Verts convergent dans une même détestation de l’Etat-nation occidental, d’Israel et des Etats-Unis, et dans une même haine contre la civilisation judéo-chrétienne et les sociétés libérales-démocratiques et capitalistes, fondée sur l'individualisme et le libre-arbitre. Ces sociétés « ouvertes » pour paraphraser Karl Popper, sont communément combattues par les systèmes totalitaires pourtant très antinomiques que sont le communisme et l’islamisme, lesquels prônent tous deux un « homme nouveau » totalement contrôlé et embrigadé et dont l’individualité et la liberté d’expression sont happées par l’idéologie collective englobante.

De ce fait, on peut dire que si tout oppose philosophiquement l’extrême gauche communiste et l'islamisme, presque tout les réunit sur le plan de la praxis et des détestations convergentes. C'est donc à une « alliance négative » que nous avons affaire, et l’histoire montre que les êtres humains sont parfois plus sûrement unis face à des ennemis communs que par leurs affinités de valeurs… J’affirme par conséquent depuis des années, dans tous mes ouvrages, notamment Le Totalitarisme islamiste (2002) et Les vrais ennemis de l’Occident (2016), que l’alliance rouge-verte est extrêmement dangereuse pour la survie même des sociétés ouvertes, gangrénées par les activistes de l’islamisme radical aidé en cela par ses alliés tiers-mondistes d’extrême-gauche et de gauche.


En France, a-t-on des exemples de ce phénomène ? Et à l'étranger ?


Pour l'étranger on peut citer plusieurs exemples.


D'abord en Angleterre avec le mouvement "Respect" qui unissait dans les années 2000 des mouvements révolutionnaires trotskistes et des islamistes radicaux proches des Talibans et des Frères musulmans. Cette coalition radicale, qui était la voix des pires islamistes de Londres, sous couvert notamment de dénonciation de la guerre anglo-américaine en Irak, permit l’élections de candidats aux élections du Grand Londres. En Iran, nous avons déjà fait allusion à la stratégie de l’Ayatollah Khomeiny qui, non seulement fut soutenu au départ partout ce que l’on faisait alors en matière de tiers-mondisme et de radicalisme gauchiste anti-occidental, mais aussi par la quasi-totalité des groupes d’extrême-gauche iraniens et même du parti communiste officiel iranien, le Toudeh. On sait que ce fut grâce à l’appui des « forces révolutionnaires » marxistes que le Shah d'Iran put être vaincu par les adeptes de Khomeiny, au départ minoritaires, mais épaulés par les forces de gauche et d’extrême-gauche qui détestaient autant le Shah (pro-américain et pro-israélien) et qui furent éliminées cyniquement dès qu’elles cessèrent d’être utiles aux Pasdarans et aux Mollahs. A l'époque, on observa une grande convergence entre le PC iranien, les mouvements d'extrême-gauche internationaux et les islamistes iranien. En Irak et au Liban, pareille alliance entre marxistes et néo-islamistes khomeynistesprésida au succès idéologico-politique actuel du Hezbollah. Rappelons d’ailleurs que le Hezbollah et la République islamique iranienne sont très populaires à Cuba, au Venezuela, en Bolivie, en Equateur, au Nicaragua ou au Pérou, c’est-à-dire dans les pays d’Amérique latine les plus anti-américains, les plus à gaucheet les plus révolutionnaires (« révolution bolivarienne » de Chavez), et que cette popularité ne s’explique là aussi qu’en vertu de l’« alliance négative » anti-impérialiste et anti-occidentale décrite plus haut.


Plus proche de nous, on peut aussi citer le cas de Molenbeek en Belgique (Bruxelles),où l’ancien maire (« bourgmestre ») de gauche,Philippe Mouraux, fit construire le plus grand nombre de mosquée salafistes au mètre carré, soit 22 moquées salafistes sur 24, ceci dans une logique à la fois de gauche anti-chrétienne et antisioniste et surtout électoraliste. Son but politique était, sous couvert de « lutte contre l’islamophobie » et de promotion du « multiculturalisme », de « fidéliser » ses électeurs arabo-marocains réislamisés, majoritaires dans cet arrondissement. On sait aussi depuis les attentats de Bruxelles et Paris (2015-2016), que Molenbeek est devenu depuis l’épicentre du jihadisme européen et qu’y ont transité untrès grand nombre de jeunes terroristes « européens » liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique.


Les trotskistes français


En France, les mouvements trotskistes révolutionnaires, bien plus subversifs et internationalistes que les léninistes-staliniens classiques, ont soutenu depuis les années 1990 les islamistes radicaux en Europe, notamment les associations et leaders issus des Frères musulmans. On se rappelle d’un George Marchais, qui dénonçait l’immigration (« hostile aux travailleurs » français), et des mairies communistes qui empêchaient la construction de mosquées. Toutefois, depuis les années 2000, on observe une contamination du PC anciennement patriotique par la stratégie subversive rouge-verte anti-nationale prônée par les Trotskystes pro-islamistes. Ces derniers agissent d’ailleurs à la fois par électoralisme et par doctrine révolutionnaire. Leur but est de draguer les voix des populations islamiques réislamisées et victimisées à souhait et remontées contre l’Etat-laïque « mécréant ». Il consiste aussi bien entendu à recruter de nouveaux prolétaires de substitution ou « forces révolutionnaires opprimées ». Grâce au travail d’entrisme et de propagande extrêmement efficace et relayé par moult médias bien installé - de Politis au Monde en passant par le Monde Diplomatique, les Inrock ou l’ancienne équipe de Canal Plus - cette gauche radicale trotskisante et pro-islamiste a réussi à diffuser sa stratégie au sein d’une grande partie de la gauche plus modérée mais adepte du relativisme et du terrorisme politiquement correct et dont le leitmotiv quasi obsessionnel est la lutte contre la supposée « islamophobie ». Tel est notamment le combat d’un Olivier Besancenot, d’un Jean Luc Mélenchon, d’une Clémentine Autain,ou d’une Danièle Obono, puis de leurs cautions morales ou universitaires que sont le MRAP, la Ligue des Droits de l’Homme, Edwy Plénel, Pascal Boniface, Thomas Guénolé, Vincent Geisser (CNRS), ou autres associations dites antiracistes mais radicalement opposées à tout ce qui est occidental, judéo-chrétien, catholique ou « sioniste » et très liées à la nébuleuse trotskisante.


On se rappelle que, peu après les attentats de l’hyper-casher et de Charlie Hebdo, Jean-Luc Mélenchon avait refusé catégoriquement de critiquer l'islam politique ou même l’islamisme radical comme cause du terrorisme jihadiste, notamment dans l’émission Les Grandes questions de FOG consacrée au terrorisme islamiste à laquelle j’avais participé. Mélenchon se cantonna à faire le procès du seul catholicisme et ne cessa de botter en touche lorsqu’on lui demandait de désigner la menace islamiste.




De la même manière, on ne peut qu’être frappé par la similarité de la stratégie adoptée par Clémentine Autain, qui,