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Razzias ottomanes et pirateries barbaresques : le jihadisme avant l'heure

Après la réislamisation de Sainte Sophie, l'indignation doit laisser la place au constat géopolitique froid : la Turquie dékémalisée par Erdogan dans les années 2000 avec la bénédiction de l'Occident renoue avec son identité ottomane califale et redevient de ce fait une puissance islamiste géocivilisationnellement hostile, analyse Alexandre del Valle.




La célébration de la conquête d'Istanbul en 1453, dont la réislamisation de Sainte Sophie il y a quelques semaines est le marqueur absolu, n'est pas bon signe pour l'Europe, car celle-ci fut durant cinq siècles la cible de la puissance prédatrice turco-ottomane et des pirateries barbaresques bénies par la Sublime Porte. Rappelons qu'Erdogan est très fan de Mehmet 1er, l'homme qui conquit Constantinople et les Balkans (XIV-XV ème siècles) et que, lorsqu'il se déplace en Serbie, en Bosnie, en pays albanophone, ou même à Chypre, il vante ostensiblement la mémoire des conquêtes turques de Thessalonique (1430), du Kosovo-Albanie, de la Serbie (1448), de la Bosnie, de la Hongrie (1541), d'une partie de la Croatie, et même de la ville italienne d'Otrante (1480), sans oublier les sièges de Vienne (1529, etc, qui échouèrent certes, mais furent une menace terrible car l'empire turc n'était qu'à quelques centaines de km de la capitale autrichienne. Quant aux pirates barbaresques, vassaux des Ottomans, ils harcelèrent durant des siècles les comptoirs espagnols et italiens, ce qui déclencha la réaction militaire de l'Espagne des Habsbourg, contrainte, comme les Français plus tard en 1830, avec la conquête d'Alger, de prendre Tunis et Alger (1535 et 1541) pour protéger le flanc-sud de l'Europe. De leurs côtés, les Tatars du Khanat de Crimée, héritiers des envahisseurs turco-mongols suzerains des Ottomans depuis 1478, harcelèrent puis dominèrent la Lituanie et le monde russe durant trois siècles.


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