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Les Frères musulmans : la véritable menace. ITW d'Alexandre Del Valle dans Valeurs Actuelles

Une stratégie d'infiltration et de désassimilation est mise en oeuvre en Occident depuis des années par ceux qui se présentent comme des islamistes pacifiques, dénonce Alexandre del Valle. Propos recueillis par Anne-Laure Debaecker




Ils sont la "matrice du totalitarisme islamistes" à travers une organisation planétaire puissante. Les Frères musulmans, sous couvert de respectabilité et d'islamiquement correct, soutiennent les djihadistes, ébranlent les pays arabes et occidentaux. Ce projet de conquête Parr la dissimulation, l'infiltration, la victimisation, appuyé par certains pays du Golfe, est en réalité détaillé dans un opus conséquent, écrit par deux experts : Alexandre Del Valle et Emmanuel Razavi. Le premier est professeur de géopolitique et de relations internationales et consacré de nombreux ouvrages relatifs à l'islamisme. Le second est grand reporter, spécialiste des Frères musulmans et du Moyen Orient. Ils nous dévoilent les racines et les axes d'un projet de domination mené dans l'ombre. Une analyse édifiante pour comprendre à quelles forces les démocraties sont confrontées.


Votre livre débute sur l’attentat à la préfecture de Paris, le 3 octobre 2019. De quoi cet attentat est-il révélateur ?


Cet attentat révèle la stratégie visant à infiltrer la police, l'armée, l'administration pénitentiaire et le Renseignement. Cette stratégie d'entrisme a été conçue par les Frères-musulmans, matrice de l'islamisme. Car la frontière entre islamistes "pacifiques" et jihadistes est poreuse. Le terroriste de la préfecture de Police de Paris (DRPP) Mickael Harpon fréquentait la mosquée de Gonesse où sévissaient le salafiste Youssef Baouendi, chef de la Ligue islamique Mondiale à Mantes-la-Jolie, et l'imam al Houari (membre du Conseil Théologique Musulman de France) issu des Frères. L'erreur est de combattre le jihadisme avec Ikhwan (Frères-musulmans), qui, grâce à la takiya, se posent en alternative aux terroristes qu'ils inspirent! Leur Projet de conquête planétaire est exposé dans les "50 demandes" du fondateur, Hassan Al-Banna et dans Le Projet, texte perquisitionné par la police suisse en 2001 au domicile de Youssef Nada, patron d'Al-Takwa Bank des Frères, à Lugano, accusée de financer Al-Qaïda.


Qu’est-ce que le « paradoxe islamiste » ?


Le fait que les islamistes nient leurs vrais buts pour désarmer les naïfs tout en glorifiant le Jihad dans leurs écrits. Le gendre d'Al-Banna, Saïd Ramadan, père de Tariq, pionnier des Ikhwan européens dans les années 1960-1980, reçut l'appui du Banquier suisse du IIIè Reich, François Genoud; défendit des terroristes et conspua l'Occident et les Juifs dans ses écrits. Bien que la CIA voyait dans les Frères-musulmans un rempart contre l'URSS, il échappa à l'expulsion grâce à ses soutiens marxistes-suisses! Quant à Saïd Qutb, le plus illustre Frères-musulman après Al-Banna, référence des jihadistes (y compris Merah ou les Frères Kouachi, auteurs des attentats contre Charlie Hebdo), les Frères l'enseignent en Europe malgré sa judéophobie et son jihadisme! Et les Ikhwan européens ont le culot de brandir l'étoile jaune dans des manifs contre l'islamophobie aux côtés d'antifas! Leur capacité à nier leurs buts totalitaires est stupéfiante. Tombés dans le piège des Frères et de leurs parrains (Qatar, Koweït Turquie) dont la main droite jihadiste ignore la main gauche institutionnelle, les démocraties reproduisent l'erreur des pacifistes adeptes de "l'apaisement" avec les "Nazis raisonnables" à Munich.


Pourquoi dénoncer les Frères musulmans, plutôt que Daech ou

Al-Qaïda ? en quoi est-ce une organisation totalitaire et non modérée ?


Le jihadisme d'Al-Qaïda ou de l'EI découle de la matrice fréro-salafiste. Les jihadistes se réfèrent tous à Qutb, ex-responsable de la revue des Frères en Egypte et conseiller du Guide suprème. Le précurseur d'Al-Qaïda, Abdullah Azzam, cadre des Frères palestiniens, fut le mentor de Ben Laden. Dès les années 1930-1940, la Confrérie fit assassiner des dirigeants laïcs et appuyèrent les Nazis contre les Juifs. A Gaza, le Hamas est la branche officielle des Ikhwan et reçoit de l'argent des Frères occidentaux. Ces derniers ont pignon sur rue en Europe car leur "jurisconsulte" Al-Qardaoui a décrété le jihadisme licite à Gaza ou en Syrie mais illicite là où la prédication est plus efficace. Il prône ainsi une "charià de minorité" en Europe qui croitra au gré de l'évolution démographique, d'où l'alliance avec les partis immigrationnistes. Pourquoi prôner le jihad contre une Europe tolérante?: Qardaoui et Tariq Ramadan ont été employés des mairies de Londres et Rotterdam; Tariq s'est fait payer par le Qatar une Chaire à Oxford, et Qardaoui a présidé le Conseil européen de la fatwa et de la recherche (CEFR, Dublin) et l'Institut Européen des Sciences Humaines (IESH, Chateau-Chinon) qui forme les "imams européens", tout en justifiant les attentats en Israël ou en appelant à tuer apostats, homosexuels, juifs et blasphémateurs (cf son essai "Le licite et l'illicite").


Quel fut leur rôle dans les printemps arabes ?


Leur rôle fut discret au début lors de la "révolution du Jasmin" inaugurée en Tunisie par la bloggeuse laïque Lina Ben Mehenni. Mais l'Arabie, le Qatar et la Turquie ont craint qu'un processus de sécularisation compromette le retour de la Charià en cours depuis les années 1980. Les puissances islamistes ont donc récupéré les révoltes, l'Arabie finançant les salafistes stricts, par peur de la démocratie, et le Qatar et la Turquie les partis des Frères "démocrates" qui ont remporté des élections (Maroc Egypte, Tunisie). Les Ikhwan ont ainsi convaincu les Occidentaux que l'islamisme "démocratique" à la turque, modèle des Frères, est La solution face aux dictatures et au jihadisme. D'où le soutien d'Obama aux Frères égyptiens et son hostilité au Maréchal al-Sissi qui renversa en 2013 l'ex-président frériste Mohamed Morsi, devenu le "martyr" de la Confrérie et d'Erdogan, que Qardaoui qualifie de meilleur atout pour rétablir le Califat...


« Le nouveau printemps arabe viendra avec internet. » Êtes-vous d’accord avec cette affirmation d’un jeune frère musulman ?


Oui, cette nouvelle "stratégie 2.0" des Frères a été pensée lors des printemps arabes par Jassim Sultan, conseiller d'Al-Jazeera au Qatar. Avec des sites web comme "AJ +", il a inauguré le "soft power jihad". A Khartoum, Londres, Paris, New York, Barcelone ou Berlin, il organise des séminaires sur le nouveau modus operandi frériste nommé Ennahda: promouvoir des élites islamistes new-look capables de « se fondre dans un réseau puissant (...) pour avancer masqués presque indétectables ». Un ouvrage développe cette stratégie: The Starfish and the Spider : The Unstoppable Power of Leaderless Organizations, d’Ori Brafmann et Rod Beckstrom. La (vieille) structure des Ikhwan, pyramidale, qualifiée "d'araignée", est vulnérable puisqu’il suffit de couper sa tête pour tuer le corps. Jassim préfère "l’étoile de mer" (Starfish), dont les branches, interconnectées, sont autonomes: une jambe coupée repousse en nouvelle étoile de mer... Ceci ne contredit pas la stratégie des Fondateurs, mais le logiciel mis à jour invite à̀ prendre le contrôle des cerveaux par l'enseignement; des États et institutions par l'entrisme; et des entreprises par le « jihad économique » (noyautage syndical, boycott de firmes comme Total ou Danone).


Selon vous, une contre-société islamique s’est mise en place, instaurée depuis des décennies par de multiples structures…


Le plan des Frères en Occident procède d'une stratégie de "paranoïsation" incitant les musulmans à la séparation, étape vers l'unification de la Oumma. L'organisation articule son Projet en trois axes: le jihad violent (Gaza, Syrie); la "démocratie islamique" (méthode Erdogan en Turquie ou Ennahda en Tunisie); et la subversion du pluralisme (Occident, ONU). Depuis Genève, Saïd Ramadan a explicité l'objectif final de "triomphe des lois d'Allah sur terre" (Tamkine) dans le journal des Frères, Al Muslimoun. L'argent fut apporté par l'Arabie et le Pakistan, puis le Qatar et le Koweït. Le financement est aujourd'hui en partie endogène avec le business hallal. La méthode reste l'entrisme institutionnel et associatif: contrôle des écoles et mosquées; OPA sur la représentation de l'islam et alliance avec les forces "diversitaires".


Comment expliquez-vous que nous ayons laissé s’installer les loups dans la bergerie ?


Le fait que ces loups sont appuyés par des Etats avec lesquels nous avons des intérêts n'excuse rien: car nous les tenons (bases militaires) autant qu'ils nous tiennent. Le problème des Occidentaux est qu'en refusant de se définir identitairement, ils considèrent alliés des pays (Saoudie; Qatar; Turquie; Koweït) qui sont certes des partenaires (hydrocarbues, OTAN) mais surtout des ennemis civilisationnels car ils ont soutenu tantôt des jihadistes tantôt des associations oeuvrant à notre destruction sous couvert de liberté religieuse. Leur stratagème consistant à appeler les musulmans victimisés à se "désassimiler" est redoutable. Ces puissances fomentent une contre-société destinée à devenir un noyau d'islamisation. Ce plan, explicité dans des textes des Frères, a inspiré la Ligue islamique mondiale ou l’Organisation islamique internationale pour l’Education la Culture et les Sciences (ISESCO), "l'UNESCO islamique", qui se réfère à Al-Qardaoui.


Que vous inspire la lutte contre l’islamophobie?


La lutte contre l'islamophobie serait juste si elle condamnait les attaques contre des musulmans, mais pour les Frères, il s'agit d'instrumentaliser l'antiracisme pour masquer leur suprémacisme et faire taire les mécréants lucides. Nos dirigeants ont fait mine de croire à la distinction "islamistes modérés"/jihadistes alors qu'ils sont informés du contraire par nos services. Ils ont opté pour une pax islamica qui se paie très cher. Je l'ai rappelé le 12 décembre avec E. Razavi devant la Commission d'enquête du Sénat... La victoire des Frères est de faire croire que le jihadisme n'a "rien à voir avec l'islam" et qu'il n'y a pas de continuum idéologique entre l'islamisme et le jihadisme, ce qui est archi-faux.

De quel pays s’inspirer pour gérer le fondamentalisme islamique en France ?


Depuis 2014, le gouvernement autrichien (les populistes n'étaient pas encore au pouvoir) a fait interdire les associations islamiques qui sapent les valeurs nationales et incitent à la non-intégration au profit de puissances étrangères (Turquie, Qatar, Arabie, Pakistan). Des centaines d'imams ont été expulsés. Un islam autrichien a été édifié avec des modérés. Erdogan a hurlé à "l'islamophobie", mais il n'y a eu aucune représailles. Il est donc faux que l'on ne peut rien faire. Lorsqu'il était ministre de l'intérieur, Pasqua interdit les ouvrages de Qardaoui et le financement du salafisme par Riyad. Nos dirigeants peuvent faire de même au lieu de bombarder inutilement des pays musulmans. Cela couterait moins cher en argent et en morts. Le devoir d'un dirigeant n'est pas de plaire aux lobbies mais de défendre son territoire, sa population, ses valeurs et institutions face aux ennemis déclarés.

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