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Les racines de la guerre russo-ukrainienne… et de l’antagonisme russo-occidental qui l’a déclenchée

Alexandre del Valle rappelle ici les objectifs personnels et stratégiques de Vladimir Poutine et du "système" de pouvoir russe en Ukraine, puis il explique que la clef de la désescalade passera par une clause de non-extension de l'OTAN qui devra figurer dans tout accord de la paix futur en Ukraine, en échange d'une reconnaissance de sa souveraineté par son voisin.



En envahissant l’Ukraine, Vladimir Poutine a voulu avant tout conserver son pouvoir et le faire perdurer après lui à travers l’héritier de son choix issu d’un même “système” de plus en plus hostile aux valeurs de l’Occident. Ensuite, d’un point de vue géostratégique, l’objectif de la Russie poutinienne est d’empêcher l’extension de l’OTAN et des systèmes de défense anti-missiles aux portes de la Russie, puis contraindre — par la force — les Etats-Unis et l’Occident à reconnaître son statut de grande puissance mondiale. La doctrine diplomatique officielle est de ce fait l’émergence d’un monde “multipolaire” et la fin de “l’unilatéralisme américain” et de l’hégémonie occidentale, donc de ses valeurs libéral-libertaires-démocratiques jugées menaçantes, l’impératif étant de rendre la Russie étanches à ces influences.


Dans ce contexte, Moscou a mis sur pied des dispositifs comme l’Union eurasiatique, l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), l’Organisation de Conférence de Shanghai (alliance Russie-Chine et pays ex-soviétiques d’Asie centrale) et noue des liens privilégiés tant avec de nombreux pays ennemis de l’Occident (Corée du Nord, Vénézuéla, Cuba, Nicaragua), qu’avec des pays amis de l’Occident ou non-alignés (Inde, Israël, Brésil), dans le cadre de coopérations régionales, des BRICS ou de la recherche d’instruments géopolitiques et économiques alternatifs à ceux des Occidentaux (systèmes de paiement russo-chinois, applis non-occidentales; dé-dollarisation, etc). Ainsi, les interventions militaires en Transnistrie (1999), Géorgie (2008), Crimée (2014), Syrie (2015-), Donbass, ou Ukraine (2014-2022), ont toutes visé à rétablir un glacis de sécurité autour de la Russie, dans une logique globale de contre-encerclement et de préservation de son accès aux mers (chaudes : Crimée/Azov/Méditerranée ou froides : nouveaux horizons de l’Arctique).

Ceci dit, du point de vue de Poutine, l’Ukraine occidentalisée et appuyée par les pays occidentaux depuis 2004 (révolution orange) représentait un danger de « contagion démocratique » à éliminer ou à étanchéifier, étant donnée l’extrême proximité historique, religieuse (orthodoxie) et linguistique (langue russe dans le sud et l’Est et même à Kiev). Tout processus de démocratisation-occidentalisation du voisin ukrainien slave est en effet ressenti, par Poutine et son entourage militaro-gazier, comme un danger mortel. Ce “système” Poutine, instauré par le FSB, le complexe militaro-industriel et pétro-gazier et quelques complices du “clan de Saint Pétersbourg” d’Anatoli Sobtchak (les oligarques ayant été mis au pas depuis des années), craint par-dessus tout le double “virus” de la démocratie libérale et de l’atlantisme transmis en même temps à la Géorgie et à l’Ukraine depuis les révolutions démocratiques pro-occidentales (2004-2008-2014).


Est-ce faire le jeu de Poutine que de préconiser la fin de l’extension de l’OTAN ?


Les partisans d’une otanisation de l’Ukraine accusent souvent les atlanto-sceptiques de relayer la propagande du Kremlin au prétexte que le refus de Poutine de l’extension de l’OTAN vers l’Ukraine et la Géorgie ne serait qu’un prétexte. Nous venons de montrer que cela est en partie vrai. Il n’empêche que dans sa pensée d’ex-espion nostalgique de l’empire russo-soviétique, comme dans celle de tout le deep state et d’une bonne partie de l’opinion russes, l’encerclement de la Russie par l’Otan et les missiles otano-américains sont un réel casus belli stratégique.


Et la Russie ne se résumant pas à Poutine, il convient de rappeler que la plupart des hommes politiques russes ont dénoncé l’extension de l’Otan depuis 1990 : pas seulement les actuels faucons qui entourent Poutine, comme son ministre de la défense et probable successeur Choigou, mais aussi...


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