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« La séquence stratégique » ou les raisons profondes du désengagement américain en Ukraine

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    AdV
  • 19 sept.
  • 2 min de lecture

CHRONIQUE. Pour Alexandre del Valle, croire que Donald Trump serait « pro-russe » ou que son administration serait « isolationniste » est une erreur d’analyse majeure. Dans la grande compétition du XXIᵉ siècle, les États-Unis veulent revenir à l’essentiel : maintenir leur prééminence globale, en acceptant de laisser certains conflits se geler, pour mieux en revenir plus tard..


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Partant du constat que Washington n’a plus les moyens de mener simultanément des guerres sur plusieurs fronts majeurs, la « séquence stratégique » vise à hiérarchiser les menaces et àrecentrer l’énergie de l’empire américain sur le théâtre indopacifique, face à la Chine, en délégant le front ukrainien à l’Europe, sans abandonner à terme le projet d’affaiblissement de la Russie.


Donald Trump avait d’ailleurs bloqué Nord Stream et armé Kiev durant sa première présidence. Pour le stratège et ex-officier des Marines, Brian Berletic, l’effondrement des défenses ukrainiennes dans certaines régions a conduit à une double réponse de l’OTAN : se diriger vers une pause temporaire à la guerre en Ukraine pour éviter une défaite totale de Kiev, tout en permettant à son armée de revenir ultérieurement en force, une fois le défi chinois contenu et Poutine hors du pouvoir.


En fait, ce séquençage stratégique indique qu’il existe une continuité institutionnelle propre à l’architecture profonde du pouvoir américain, l’État profond (Pentagone, communauté du renseignement, diplomatie, centres de réflexion stratégiques) qui dictel’orientation de la stratégie mondiale américaine.


La menace chinoise


Comme l’a formulé George Friedman, fondateur de Stratfor puis de Geopolitical Futures, stratège américain qui a conseillé la CIA et le Pentagone, les États-Unis ne doivent pas engager leurs ressources sur tous les théâtres simultanément parce qu’« aucune puissance ne peut faire la guerre sur plusieurs fronts longtemps sans s’effondrer intérieurement ».


Pour maintsrapports du Département de la Défense américain et de la RAND Corporation, la montée en puissance militaire, technologique et diplomatique de la Chine constitue un défi majeur de long terme à l’Ordre libéral international (OIL) établi par Washington et théorisé par John Ikenberry, c’est-à-dire pour la suprématie mondiale des Etats-Unis.


Dans ce contexte, la guerre en Ukraine apparaît comme une distraction coûteuse qui limite la capacité d’action américaine sur le front indopacifique. Un rapport de la RAND intitulé Avoiding a Long War (2023) recommande d’ailleurs de ne pas trop prolonger le conflit ukrainien afin que l’attention, les ressources et la crédibilité des États-Unis ne soient pas diluées.


Pour le Secrétaire d’État américain Marco Rubio, la Chine est une menace « bien plus grande que la Russie car elle veut redéfinir les règles du commerce, de la sécurité et de l’influence dans le monde entier ». Rubio plaide donc pour une sortie du conflit ukrainien par un compromis négocié, et il appelle les Européens à prendre une responsabilité croissante dans la gestion de leur propre sécurité : « si les États-Unis ne changent pas de cap, ils vivront dans un monde où tout ce qui compte pour eux dépendra du bon vouloir chinois ».


1 commentaire


Mini Max
Mini Max
04 oct.

Bravo Monsieur et merci pour vos très éclairantes analyses et prises de position. Cela fait du bien dans la séquence actuelle de manipulation et de désinformation.

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