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La stratégie irresponsable de l’Empire américain en Ukraine, chronique d’une guerre globale annoncée

Pour notre chroniqueur, l’extension infinie vers l’est de l’OTAN et de l’UE – sur les “lignes rouges” ukraino-géorgiennes – a toujours été perçue par la Russie comme une menace existentielle. Ne pas en tenir compte en arguant du fait que les Ukrainiens et tous les pays souverains ont le droit de choisir leurs alliances, est moralement juste, mais stratégiquement irresponsable. Del Valle démontre ici que les Ukrainiens ont été instrumentalisés par une cynique et dangereuse stratégie américaine fondée sur le divide et impera.





Dans La mondialisation dangereuse, co-écrit avec Jacques Soppelsa, nous avons expliqué que les Occidentaux, prisonniers de leur moralisme néo-impérialiste, n’ont pas pu s’empêcher, depuis les années 1990, de répandre leur modèle sociétal et leurs institutions économico-politico-sécuritaires partout dans le continent eurasiatique, ce qui a empêché de concrétiser le rapprochement russo-européen tenté en vain par les dirigeants russes de 1991 à 2003. L’ingérence occidentale dans les affaires ukrainiennes et géorgiennes au profit des forces anti-russes est co-responsable du drame actuel. Dire cela est présenté par certains atlantistes ou autres faucons comme un argument “néo-munichois”, qui justifierait le tyran Poutine. Il n’en est rien. Propos des stratèges américains à l’appui.


En réalité, ce constat a été admis par les plus grands géopolitologues américains protagonistes de la guerre froide et de l’endiguement de l’URSS. Ces dernières semaines, quelques voix discordantes ont rappelé à juste titre (Vladimir Fédorovski, Hubert Védrine, Dominique de Villepin, Éric Denécé, Claude Lellouche) le fait que les dirigeants des États-Unis et d’autres pays de l’OTAN s’étaient engagé en 1991 (James Baker et George Bush, Helmut Kohl) à ne « pas étendre l’OTAN d’un millimètre » au-delà de l’Allemagne. L’extension de l’Otan, “comme si les Russes ou les Chinois concluaient une alliance militaire dans le nord de l’Amérique avec le Canada et le Mexique


À la fin de sa vie, le grand stratège Zbigniew Brzeziński, pourtant américano-polonais russophobe artisan de l’aide aux moudjahidines afghans contre l’Armée rouge, a considéré comme dangereux le rejet de la Russie et l’extension de l’OTAN à l’Ukraine. Henri Kissinger a expliqué avec lui que « la paix sur le continent dépend de “l’engagement à ne pas faire rentrer l’Ukraine dans l’OTAN” ». Le concepteur même de la doctrine de l’endiguement de l’URSS, George Kennan, a affirmé quant à lui qu’« étendre l’OTAN vers l’est serait la pire erreur de la politique américaine de l’ère post-guerre froide... Les Russes vont réagir progressivement de manière particulièrement hostile et cela changera leur politique. »


En septembre 2014, John Mearsheimer, grand connaisseur des conflits entre grandes puissances, non suspecté de pro-poutinisme, écrivait dans la revue Foreign Affairs un article remarqué : Why the Ukraine Crisis Is the West’s Fault. The Liberal Delusions That Provoked Putin. Il y affirmait que son pays serait le premier responsable de la radicalisation de Vladimir Poutine et de la guerre en Ukraine. Loin d’être un gauchiste anti-américain,...





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