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La censure à géométrie variable des réseaux sociaux : Trump banni mais pas Erdogan ou Maduro

Le bannissement du président Trump des réseaux sociaux ne colle pas avec le fait que des dictateurs communistes, des prédicateurs islamistes ou autres despotes violents (certes non-occidentaux) n'ont pas subi le même sort. Pourquoi ce deux poids, deux mesures ?, s'interroge notre chroniqueur Alexandre del Valle.





Le 8 janvier, les comptes Twitter (88 millions d’abonnés), Facebook (35 millions), et Instagram de Donald Trump ont été fermés au motif de "risque de nouvelles incitations à la violence". Snapchat, TikTok, Twitch, Microsoft, Youtube et Reddit ont emboîté le pas. Google et Apple ont retiré la plateforme Parler de leurs applications afin que Trump et "l'extrême-droite blanche" ne puissent pas s'en servir en remplacement de Twitter, Amazon a supprimé le compte Parler du président honni. C'est ainsi la première fois qu'un chef d'Etat en exercice voit de la sorte sa liberté d’expression supprimée. On pourrait comprendre cette mesure unique si Trump avait déclenché une guerre illégitime, comme Georges Bush père et fils, après avoir émis des fake news autrement plus graves que celles de Trump, en fait le président états-unien le plus pacifiste depuis Carter.

On pourrait comprendre que les GAFAMs suppriment les comptes de Recep Tayyip Erdoğan (17,3 millions abonnés sur Twitter, dix millions sur Facebook), qui a insulté Emmanuel Macron, menacé des pays de l'UE (Autriche, France, Grèce, Chypre), nié le génocide arménien, fait massacrer les Kurdes en Syrie, tenté de s'emparer des eaux souveraines et du gaz de la Grèce et de Chypre du Nord, soutenu les djihadistes de Syrie et Libye, envoyés massacrer des Arméniens dans le Haut-Karabakh en appui de l'Azerbaidjan), soutenu Daech, réprimé l'opposition turque et la minorité kurde puis s'être fait voter les pleins pouvoir après avoir muselé la presse… Malgré tout cela, il n'a jamais été suspendu des réseaux sociaux.

Les GAFAMs n'ont pas non plus jugé utile de supprimer les comptes de l'ex-Premier ministre malaisien, Mahathir bin Mohamad, connu pour ses positions antisémites, qui dispose de 4 millions d'abonnés sur Facebook, et 1,3 millions sur Twitter. Le 29 octobre dernier, sur Twitter et sur son blog, après la décapitation de Samuel Paty, il a pourtant écrit que « les musulmans ont le droit d’être en colère et de tuer des millions de Français »… Les autorités de régulation de Twitter ont au départ refusé de bloquer le message de Mahatir, invoquant un « intérêt pour le public ». Il écopera d'un simple "avertissement", et son compte restera actif. La décapitation de Samuel Paty n'a pas suscité d'émoi chez Twitter ou Facebook On peut également citer d'autres chefs d'Etat qui ont, contrairement à Trump, du sang sur les mains et n'ont pas appuyé par...




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