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L’hiver démographique européen et l'immigration de masse : un double défi civilisationnel (Partie 2)

Alexandre del Valle publie cette semaine la seconde partie du dossier-feuilleton l'un des plus importants facteurs géopolitiques qui déterminent l'évolution des nations et des civilisations: la démographie, systématiquement sous-estimée ou même niée par les partisans du multiculturalisme, notamment ceux qui reprochent à Eric Zémmour de lier l'immigration extra-européenne de masse au risque de choc de civilisation. En réalité, ce lien a été fait par des grands intellectuels démographes et anthropologues comme Claude Levi-Straus, qui craignait l'islamisme conquérant, Alfred Sauvy, l'inventeur de l'expression Tiers-Monde, ou encore le créateur de l'école de polémologie, Gaston Bouthoul, que del Valle cite abondamment dans son nouvel ouvrage, la Mondialisation dangereuse, co-écrit avec l'ex-président de la Sorbonne et géopolitologue Jacques Soppelsa.




D’après la Commission européenne, le nombre total de migrants – non éligibles au statut de réfugiés politiques – arrivés entre 2015 et 2020 sur son territoire s’élèverait à 2 millions. Ce chiffre est vraisemblablement en dessous de la réalité, car rien qu’en France, sur la période du seul quinquennat, le nombre total d’immigrés (légaux ou illégaux) durablement installés et profitant de nombreuses aides – toujours plus coûteuses pour les collectivités publiques – avoisinerait les 2 millions de personnes, soit une moyenne de 350 000 à 400 000 personnes par an. Ce chiffre a notamment été avancé par le député européen et ex-ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui a recoupé les données des ministères compétents et ceux de l’Insee. Cela signifie en fait près de 2 millions d’immigréssupplémentaires en un quinquennat. Sur plusieurs décennies, le total accumulé s’apparente à une « immigration de peuplement » qui ne peut que contribuer à changer progressivement le tissu social et civilisationnel du pays, donc son identité nationale même, ce qui n’est pas un simple détail que les responsables politiques peuvent se permettre de négliger.



En 2019, l’immigration due au regroupement familial (90 502 titres de séjour) ainsi que les titres accordés aux étudiants (90 336), quasiment équivalents, ont été les principales filières, suivies des titres accordés aux demandeurs d’asile, en augmentation (voir infra) – environ 36 275 demandes acceptées en 2019 et 24 118 en 2020. Les premiers pays d’origine de l’immigration (titres de séjour délivrés en 2019) étaient le Maroc, en tête, suivi de l’Algérie, de la Tunisie, de la Chine et de la Côte d’Ivoire. Curieusement, l’immigration dite « économique », officielle, donc désirée, ne représente qu’un peu plus de 13 % du nombre total de titres, soit 32 815. Enfin, environ 20 000 titres de séjour dans le cadre du « passeport talent » ont été délivrés la même année. De ce fait, si l’on additionne ces 255 000 entrées légales aux estimations d’entrées illégales précédemment évoquées, nous atteignons le nombre de 400 000 nouveaux immigréspar an, sachant que moins de 10 % des immigrés clandestins sont effectivement reconduits dans leur pays après des mesures d’expulsion, et que l’immigration clandestine tend à être dépénalisée dans les pays de l’UE. À ces centaines de milliers d’immigrés qui arrivent chaque année – et qui s’ajoutent à ceux précédemment arrivés puisque la plupart restent sur le territoire français –, il faut additionner le nombre de naturalisés, soit 80 000 personnes en 2018,selon le ministère de l’Intérieur.



Spécialiste des questions migratoires, la démographe française Michèle Tribalat, directeur de recherche à l’Ined, apporte quelques précisions assez difficilement réfutables sur les chiffres liés au nombre d’étrangers et de Français issus de l’immigration. Sachant que la population d’origine étrangère, dans la statistique publique, désigne « l’ensemble formé par les immigrés (personnes nées à l’étranger, qu’elles aient encore une nationalité étrangère ou qu’elles soient devenues françaises depuis leur arrivée en France) et les personnes nées en France d’au moins un parent immigré », elle rappelle que, selon les derniers chiffres connus de l’Insee (issus de l’enquête Emploi et de l’enquête annuelle de recensement, 2015), 20,1 % des Français de France métropolitaine seraient d’origine partielle ou pleinement étrangère, un taux qui monte à 42,1 % en région francilienne pour les jeunes de moins de 18 ans. Avec Bernard Aubry, Tribalat a mené nombre d’enquêtes détaillées sur ces sujets, et les deux chercheurs en ont conclu que depuis 2015, 1,3 million de jeunes en Île-de-France seraient issus de l’immigration.


D’une manière générale, d’après les chiffres que l’Ofii (l’Office français de l’immigration et de l’intégration), la France compterait environ 10 % d’immigrés actuellement, bien loin des 6,5 % souvent cités. Toutefois, d’après la démographe Michèle Tribalat, 20 millions de citoyens français seraient en fait d’origine étrangère (au moins un parent né à l’étranger et non français ou fils de parents non français nés à l’étranger), soit 4 fois plus qu’il y a une vingtaine d’années. Cette augmentation continue – excepté durant la première année de la Covid – est en fait le résultat d’une combinaison de facteurs objectifs et subjectifs : 1/ la pression des lobbys et instances nationales et internationales qui poussent à ouvrir les frontières aux migrants – quels qu’ils soient – et à dépénaliser l’immigration illégale puis à accorder à ces derniers les mêmes droits et aides économiques que ceux normalement réservés aux citoyens autochtones et aux migrants réguliers ; 2/ le laxisme judiciaire qui bloque 90 % des expulsions de migrants illégaux et faux réfugiés ; 3/ le contournement croissant du droit d’asile ; 4/ le refus d’une immigration choisie et la généralisation du droit du sol, du regroupement familial et de l’accueil des demandeurs d’asile, souvent faux, au détriment d’une immigration économique ciblée et concertée.



Le droit d’asile, principal prétexte à la migration clandestine


Dans un entretien accordé au Figaro, Michèle Tribalat estimait l’immigration illégale à partir de « recoupements de chiffres d’interpellations, placements en centre de rétention, aide médicale d’État, déboutés du droit d’asile) à 200 000 à 400 000 personnes ». Quant à l’ex-ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, il avait évalué, fin 2017, le nombre total d’étrangers en situation irrégulière présents sur le territoire français à 300 000. Cette estimation – minimaliste –, basée sur des statistiques de l’Insee et sur le nombre de bénéficiaires de l’AME (aide médicale d’État), n’est cependant pas suffisante, puisqu’elle ne tient pas compte de l’ensemble de la population étrangère en situation d’irrégularité en France dont une partie ne se déclare pas à l’AME. Depuis les années 2000, la moyenne des arrivées de clandestins tournant autour de 80 000 à 140 000 par an, le nombre cumulé d’immigrés clandestins est en fait bien plus proche du million, sans même compter les centaines de milliers d’étrangers arrivés de façon illégale depuis les années 1970 qui ont été régularisés, et qui ont de ce fait disparu des statistiques concernant les illégaux et les étrangers. Patrick Stefanini, ancien secrétaire général du ministère de l’Immigration, évalue ainsi à au moins environ 900 000 étrangers séjournant illégalement sur le territoire français. D’une manière générale, durant la dernière décennie, les arrivées illégales directes ont augmenté partout en Europe, particulièrement avec la « crise des migrants » ouverte en 2015. Les filières passent essentiellement par trois grandes zones aux frontières méridionales de l’UE : les côtes grecques de la mer Égée ; les îles du sud de l’Italie ; le détroit de Gibraltar et les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, récemment prises d’assaut par des milliers de migrants sahéliens et maghrébins (mai 2021), suite à une brouille entre l’Espagne et le Maroc. Les immigrés ainsi entrés tendent ensuite à se disperser dans le continent. Depuis des décennies, le nombre de demandes est en constante progression : +7,3 % entre 2018 et 2021. La France est ainsi devenue le pays d’Europe le plus « attractif », avec 154 620 demandes enregistrées en 2019, contre environ 120 000 en Allemagne. On sait par ailleurs que 85 % des demandeurs d’asile déboutés restent et ne sont presque jamais reconduits dans leurs pays. Selon le préfet François Lucas, « le doublement des demandes ces cinq dernières années révèle un détournement de la procédure, pas seulement une faillite du système Dublin. Il s’agit en effet de migrations économiques ». En d’autres termes, il existe un « stock » de demandeurs d’asile déboutés, qui restent et ne sont pas reconduits. En 2015 déjà, la Cour des comptes annonçait que 96 % des déboutés du droit d’asile resteraient sur le territoire français.



Toutefois, on notera qu’à la suite de la crise sanitaire, les chiffres de demandes d’asile et en général de l’immigration ont connu un ralentissement relatif et prévisible en Europe, avec une baisse de 33 % en 2020. En France, quelque 95 600 demandes d’asile, mineurs inclus, ont été introduites à l’Ofpra, soit une baisse de 28 % par rapport à 2019. Parmi ces demandes, 86 620 étaient des premières candidatures et 8 830 des réexamens. Précisons que ce chiffre, tout de même impressionnant malgré la crise sanitaire et son lot de mesures de confinements et restrictions des voyages, n’inclut pas les demandes enregistrées en préfecture et placées en procédure dite « Dublin » sous prétexte que la France n’est pas responsable de leur examen, et dont l’Ofpra ne peut légalement être saisi. En 2020 et 2021, les principaux pays de provenance des primo-demandeurs d’asile demeurent l’Afghanistan, la Guinée, le Bangladesh, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la Turquie et le Pakistan, les demandes de ressortissants de Géorgie et d’Albanie ayant commencé à diminuer[1]. L’ensemble des pays africains représenterait 40 % des requêtes. L’Ofpra notait ainsi « une progression notable de la demande en provenance de pays d’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire et la Guinée ». Quant aux Syriens, dont les médias et lobbies pro-migrants parlent en permanence pour légitimer, par leur drame, la cause des demandeurs d’asile arrivés illégalement – très souvent de faux réfugiés politiques –, ils sont très peu représentés. Selon la même source, sur ces 138 420 demandes d’asile, seulement 33 330 ont été acceptées, ce qui signifie qu’environ 100 000 personnes se sont vu refuser ce droit, sans toutefois jamais quitter la France, et ce malgré les notifications d’obligation de quitter le territoire.



Le tabou du coût de l’immigration


Quant au coût annuel de l’immigration, dans le contexte d’un État providence très généreux en France – à savoir la différence entre ce qu’elle rapporte et ce qu’elle coûte –, certains experts l’évaluent – avec chacun des critères fort différents – entre 5 et 70 milliards d’euros. Ces chiffres les plus maximalistes, étonnants et certes vivement contestés par les partisans de l’immigration de masse, sont pourtant le fruit d’études qui ajoutent aux coûts « classiques » des migrations illégales les dépenses inhérentes, directes et indirectes, aux aides (logement, santé, justice…) et au traitement social et sécuritaire de l’immigration. Pour les estimations les plus minimalistes, un rapport de la Cour des comptes publié le 5 mai 2020 a évalué les coûts « de l’entrée, du séjour et du premier accueil des personnes étrangères en France » pour l’année 2019 à 6,57 milliards d’euros, un montant qui n’a pas pris en compte le coût des dépenses sociales (assurance maladie, retraites et aides sociales de droit commun en général, type RSA ou APL), de celles liées à la justice et à la politique de sécurité, et la prise en charge des mineurs isolés par les collectivités locales. Ainsi, le 22 janvier 2020, le comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques de l’Assemblée nationale a souligné, dans un rapport relatif à l’évaluation des coûts et bénéfices de l’immigration en matière économique et sociale, que le document de la Cour des comptes a sous-évalué les coûts de scolarisation des enfants immigrés par le ministère de l’Éducation nationale. Par exemple, si l’Éducation nationale avance le chiffre de 161 millions d’euros pour les coûts de l’immigration dans son domaine d’action publique, le ministère de l’Enseignement supérieur évoque la somme de 2,2 milliards d’euros, correspondant aux 10,6 % d’étudiants étrangers du secteur public. Quant aux coûts inhérents à la police aux frontières et ceux des infractions pénales spécifiques relevant du séjour sur le territoire (exemple : refus d’exécuter une mesure d’éloignement), la police nationale a avancé le chiffre de 1,2 milliard d’euros en 2020 pour ce seul poste. De la même manière, une étude publiée par le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii, service de recherche économique rattaché au Premier ministre), intitulée L’Impact budgétaire de 30 ans d’immigration en France, avait déjà estimé en 2011 le coût de l’immigration à 1,64 point de pourcentage de PIB, soit, ramené à l’année 2019, l’équivalent de 40 milliards d’euros, sachant que le phénomène migratoire n’a cessé de s’accroître depuis dix ans. Et cette étude n’est pas la plus maximaliste puisqu’elle exclut par principe les coûts de l’immigration irrégulière, pourtant en hausse depuis des décennies et surtout depuis 2015. Ces coûts sont évalués à 1 milliard annuel pour l’AME et 2 milliards par an pour les 50 000 mineurs non accompagnés (MNA), chiffres confirmés par un rapport du Sénat en 2021. La Cour des comptes déplore d’ailleurs le détournement des demandes d’asile qui expliquerait un tiers de la progression des coûts ainsi que l’aide médicale d’État (un cinquième). Les magistrats précisent que ces dépenses exorbitantes ne peuvent qu’augmenter à l’avenir de façon quasi mécanique en raison de la progression constante (hors année de la Covid 2021) de l’immigration légale de peuplement (regroupement familial) et de l’immigration illégale, favorisées par les appels d’air inhérents au droit du sol, à la dépénalisation de la migration clandestine, au regroupement familial, et aux aides d’État indiscriminées, qui ne connaissent aucune restriction sensible. Sur un quinquennat et sur ces bases, certains ont chiffré le montant à plus de 50 milliards d’euros de dépenses publiques liées à l’immigration au total.



Pause migratoire ?

C’est en s’appuyant sur les chiffres évoqués plus haut qu’un certain nombre de responsables politiques – et pas seulement des « populistes » ou des partis accusés de « xénophobie » – se sont déclarés ces dernières années favorables à la suppression du droit du sol, principal vecteur de naturalisation de migrants qui ne sont pas toujours intégrables, et dont une part importante est issue de l’immigration illégale et a été régularisée en masse par la suite (« circulaire Valls » du 28 novembre 2012). Ainsi, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, déclarait : « L’acquisition de la nationalité française ne doit plus être automatique. Il faut la demander, la désirer, pas l’obtenir à 18 ans dans une pochette-surprise », ajoutant: « La France, ça doit être un choix. »D’autres préconisent de supprimer AME ou de la réserver à la prise en charge des maladies les plus graves, sachant qu’elle coûte un milliard chaque année aux contribuables et qu’elle contribue à faire de la France un pays attractif aux yeux d’immigrés clandestins attirés « non pas par le plein-emploi mais par la générosité de notre politique sociale », poursuivait l’ex-ministre.

Dans les années 1960, le célèbre démographe Alfred Sauvy avertissait que le phénomène de l’immigration de masse extracommunautaire aurait des conséquences civilisationnelles, sociales, économiques et sécuritaires majeures, probablement hautement sismiques si des mesures de sélection et de contrôle n’étaient pas prises. Soixante années plus tard, à l’heure des débats houleux sur les quartiers de non-droit et de non-France, de l’indigénisme francophobe et de l’islamisme occidentalophobe qui progressent au sein d’une partie de l’immigration désassimilée et abandonnée par l’État laxiste aux lois des quartiers et des imams intégristes, un sondage de l’institut Ipsos a révélé que 60 % des Français percevraient désormais les migrants comme une « menace[2] », et 45 % estiment que ces derniers les priveraient de services sociaux. Bref, les immigrés intégrés et l’immigration choisie paient en termes d’image et de perception négative les dérives de l’immigration non choisie, illégale ou/et non intégrée.


Le général de Gaulle disait qu’il était « simple d’assimiler un individu, mais difficile d’assimiler un peuple ». Or si la politique migratoire européenne et française n’est pas réformée dans le sens d’une assimilation exigeante, ce sont bien des peuples – pour la plupart originaires de civilisations bien différentes – qu’il faudra intégrer de façon communautariste, l’assimilation se faisant de plus en plus difficilement pour des raisons à la fois de déterminisme culturel et confessionnel, de nombre et en vertu d’une mondialisation qui permet aux fanatiques du monde islamique d’embrigader à distance des communautés musulmanes d’Occident. En Europe et en France, une pause migratoire, comme cela fut le cas aux États-Unis entre 1915 et 1965, suite à la dépression de la fin des années 1920 et 1930, serait une voie raisonnable qui permettrait de consolider l’intégration des immigrés déjà arrivés en masse et même d’assimiler ceux qui sont arrivés de longue date ainsi que leurs descendants, trop souvent travaillés par des puissances étrangères étatiques ou transnationales, notamment islamistes, opposées à l’intégration de leurs coreligionnaires aux mœurs « impies ». Les propos de l’ancien roi du Maroc, Hassan II, pourtant francophile, confirment rétrospectivement ce constat d’une intégration compliquée d’un trop grand nombre de personnes venues d’une civilisation arabo-islamique, parfois antinomique, et donc de l’impératif d’investir plus dans l’assimilation : « L’intégration est possible entre Européens. La trame est la même, c’est le même continent. Ils [les Marocains] ne seront jamais 100 % français, ils seront de mauvais français, je peux vous l’assurer. » On se souvient de Michel Rocard et sa fameuse formule : « Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde. La France doit rester ce qu’elle est, une terre d’asile politique […] mais pas plus », avait lancé l’ancien Premier ministre en 1989. Ou de Georges Marchais, secrétaire général du PCF (Parti communiste français) dans les années 1980, farouchement opposé à l’immigration de masse qui déclarait (déjà) : « Nous posons le problème de l’immigration. » Ces deux figures de la gauche alertaient déjà les risques d'une immigration non choisie. Ils n’étaient pourtant ni « fascistes » ni xénophobes… Une fois de plus, la démarche géopolitique montre que l’irénisme et le manichéisme moralisateur ne permettent ni de formuler un jugement froid, ni de prévoir les risques et menaces à venir ou en cours de façon lucide, car l’idéologisation et le tout émotionnel qui domine aujourd’hui nos élites politiques au diapason des modes médiatiques sont l’ennemie de l’analyse.




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