Guerre Russie – Ukraine : « Tout dépend de Trump : comment avancera-t-il avec Poutine ? »
- AdV
- 12 août
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ENTRETIEN. Oles Horodetskyy, président de l’Association des Ukrainiens en Italie et membre du Congrès mondial ukrainien, est un porte-parole influent auprès des institutions italiennes et européennes. Rencontré à l’occasion d’un colloque sur l’Ukraine à Rome, il réagit à la rencontre Poutine-Trump, aux manifestations contre la corruption et à l’après Zelensky.

Quelle est votre lecture de la future rencontre Trump-Poutine prévue en Alaska le 15 août prochain, ainsi que les conditions d’une « trêve » viable ?Oles Horodetskyy. Le président américain Donald Trump a de nouveau changé son attitude envers la Russie à 180 degrés. D’un ultimatum très dur avec la menace de sanctions lourdes et imminentes, il est passé à l’annonce fière qu’il recevrait Poutine en Alaska. Trump parle comme s’il avait carte blanche de la part de Volodymyr Zelensky : « L’échange de territoires », « Zelensky n’a qu’à signer ». Il semble ne pas prendre en compte la position de l’Ukraine. L’Ukraine devrait ainsi accepter le diktat de Poutine et lui céder les territoires sous contrôle ukrainien. Comme Zelensky l’a déjà déclaré, cela est inacceptable et ne pourra pas être mis en œuvre. Les chancelleries européennes ont une position identique à celle de Kiev. Cela renforce la pression sur Poutine et pourrait convaincre aussi Trump. Je ne crois pas qu’il veuille se retrouver du mauvais côté de l’Histoire dans son désir de mettre fin à la guerre.
D’après moi, toute négociation sur l’Ukraine qui ne prendra pas en compte la position ukrainienne ne mènera pas à la paix, car il manque la voix du protagoniste : le peuple qui, depuis trois ans et demi, se défend contre l’agression. Poutine a de nouveau réussi à tromper Trump en promettant quelque chose qu’il ne souhaite pas respecter. Mais la partie n’est pas terminée. L’Ukraine n’a aucune intention de se rendre, et la Russie n’est pas en position d’imposer ses volontés. Désormais, tout dépend de Trump : comment avancera-t-il avec Poutine ? Il semble s’être rangé du côté de la Russie et propose une nouvelle « paix à la Arthur Neville Chamberlain », mais l’Histoire nous l’enseigne, dans ce cas, qu’il n’y aura aucune paix. Quoi qu’il en soit, la reconnaissance de la médiation du président Trump par Poutine est l’aveu que la Russie n’est pas capable de prendre l’Ukraine seule.
Pourquoi la présidente du Conseil italien a-t-elle envisagé d’accueillir un sommet Trump-Poutine à Rome ?Giorgia Meloni est la dirigeante de la droite européenne la plus cohérente, fidèle aux valeurs qui représentent ce spectre politique, et la moins populiste en absolu. Je ne sais pas si elle s’est proposée d’elle-même ou si c’est Trump le lui a demandé, ayant de la sympathie pour elle. Il me semble très naturel que Rome se soit rendue disponible. Nous voulons tous la paix. Une rencontre entre Trump et Poutine est un pas important vers la fin de la guerre, quelle qu’en soit l’issue. Soit Trump convaincra Poutine de s’arrêter, soit Poutine convaincra Trump (par son refus) d’augmenter considérablement l’aide à l’Ukraine et de renforcer les sanctions contre la Russie.
Quel est votre analyse des manifestations qui ont eu lieu en Ukraine contre Zelensky, la corruption et les mesures visant à obliger les jeunes à partir à la guerre ?
Les véritables manifestations en Ukraine qui ont un soutien populaire sont celles liées aux questions fondamentales : l’indépendance de l’État, l’avenir démocratique et européen, l’État de droit et la justice sociale. Les récentes manifestations contre la loi qui supprimait de fait l’indépendance des structures de lutte contre la corruption (NABU, SAP) étaient des manifestations authentiques, et ce pour plusieurs raisons : L’indépendance et le bon fonctionnement de ces structures étaient une condition ferme et non négociable exigée par l’Union européenne pour l’adhésion de l’Ukraine. Deuxième raison : ces structures menaient des enquêtes efficaces sur des affaires de corruption (même si elles étaient peu nombreuses), ce qui représentait des pas vers l’État de droit. La décision de Zelensky et de sa majorité parlementaire de bouleverser la donne en fermant aux générations futures la perspective européenne a provoqué la véritable colère du peuple, surtout par la manière dont cela a été fait. Presque toutes les figures de la société civile se sont exprimées contre cette loi, demandant à Zelensky de ne pas la signer. C’était un autogoal énorme, car il était évident dès le départ que cette décision serait annulée tant elle était inacceptable.










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