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Alexandre Del Valle : la démondialisation, tendance lourde géopolitique et géoéconomique accentuée depuis la guerre en Ukraine

CHRONIQUE. L'intensification des tensions pousse les gouvernements à chercher de plus en plus l'autosuffisance. Ce désir d'autonomie affaiblit la mondialisation au profit du néoprotectionnisme et de logiques autarciques ou d'échanges plus “intrazone”.







Depuis la présidence Trump, la pandémie puis la guerre en Ukraine, Washington et Bruxelles ont imposé de nouvelles mesures restrictives à l’encontre de la Chine, et pas seulement de la Russie et des “Etats voyous”. En 2024, Washington a introduit de nouveaux contrôles à l’exportation et des restrictions aux investissements visant à réduire la dépendance de l’économie américaine à l’égard de la Chine pour les produits critiques et à limiter l’accès de la Chine aux technologies stratégiques.


Les contrôles américains sur les exportations visent bien à limiter les progrès du redouté rival chinois dans ces domaines. La loi américaine CHIPS and Science Act interdit déjà les investissements sensibles en Chine et dans d’autres « pays préoccupants ». Les lois sur la localisation des données et les normes technologiques divergentes peuvent également renforcer les frontières technologiques. La prolifération de réglementations et de cadres juridiques sur des marchés influents comme la Chine, l’Indonésie et l’Inde risque de compliquer les opérations numériques. L’application des lois existantes imposera également de nouvelles restrictions au commerce et aux investissements bilatéraux, l’UE suivant cette tendance, bien qu’avec plus de divisions et de degrés selon les pays. Signe des temps : l’activité de fusions et acquisitions entre la Chine et les marchés occidentaux est en baisse. De son côté, Pékin, véritable rival des Etats-Unis dans tous les domaines de la puissance, fait tout ce qu’il peut pour être moins empêtré dans les chaînes de valeur occidentales, et il accélère les efforts pour acquérir une plus grande autonomie dans les technologies stratégiques, en donnant la priorité aux semi-conducteurs. La Chine de l’Oncle Xi développe parallèlement des relations avec les économies des BRICS non dépendantes du dollar.


Nouveaux États géopolitiquement émergents – les swing states


Pendant ce temps, les puissances moyennes “opportunistes”, ou faussement non-alignées, les “Swing States”, en réalité opportunistes/multi-alignés plus que réellement neutres, souhaitent entretenir des relations avec plusieurs puissances pour optimiser leur influence diplomatique : Inde, Brésil, Turquie, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis notamment. Certes la position neutre (« multi-alignée ») de l’Inde à l’égard de la guerre en Ukraine sera soumise à des pressions croissantes, puisque New Delhi est se voit reprochée par l’Occident d’être à la fois son partenaire géopolitique face à la Chine et un complice de la Russie à qui l’Inde achète des armes et du pétrole, ensuite raffiné et vendu comme « produits dérivés » à l’Occident en contournant les sanctions. Le pays de Modi renforce ses alliances, notamment à travers le Quad (alliance quadrilatérale Inde-Etats-Unis-Japon-Australie), pour contenir la Chine, mais elle entend poursuivre ses échanges commerciaux avec la Russie. Le Brésil renforce également ses liens énergétiques avec la Russie. La Turquie continue de jouer un rôle vital dans la guerre en vendant des drones à l’Ukraine tout en s’opposant à certaines sanctions contre la Russie… Quant à l’Arabie saoudite, elle continue de s’éloigner de son partenariat historique avec les États-Unis : elle rejoint les Brics, est candidate à l’OSC, et participe à la dédollarisation des paiements du pétrole.


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