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Alexandre Del Valle : Iran contre Israël, une première attaque directe à double tranchant

ÉDITO. La stratégie du régime de Téhéran, sorti perdant de son opération, vise à masquer ses visées impériales sur des pays arabes par une surenchère contre “l'entité sioniste”. 





L’attaque iranienne contre Israël dans la nuit du 13 au 14 avril, la première du genre, a été présentée par Téhéran comme une réponse à l’élimination, le 1er avril, de Mohammad Reza Zahedi, numéro deux des gardiens de la révolution (clé de voûte militaire et idéologique du régime iranien), tué lors d’un raid israélien avec 15 autres personnes. L’Iran s’est alors retrouvé dans un dilemme : soit il “encaisse” le coup et continue à bénéficier de l’isolement israélien à la suite de l’opération à Gaza, en se présentant comme victime, comme le Hamas, mais cela affaiblit sa capacité de dissuasion. Soit il réagit directement en frappant Israël, risquant en retour une attaque contre le régime théocratique des mollahs et ses installations militaires nucléaires et balistiques. Bref, récupérer une partie de la dissuasion perdue au risque d’être entraîné dans une guerre que Téhéran perdrait, car non encore sanctuarisé par le feu nucléaire.


​Le régime khomeyniste a donc opté pour une voie médiane : une attaque limitée, avec des drones et missiles de croisière, donc une solution à fort impact politique mais à faible effet pratique. Aucune victime israélienne, un seul mort et pas de dégâts importants. Et le fait que l’attaque ait été limitée prouve que le régime iranien, qui feint de risquer une guerre totale, a tout fait pour l’éviter, car terrifié à l’idée d’un regime change comme pour l’Irak en 2003.


​Une puissance militaire limitée


Au lieu de sortir victorieux contre l’État juif, Téhéran ressort perdant, car Israël a intercepté 99 % des drones et missiles. Cela a mis en évidence les limites de la puissance militaire iranienne et confirmé que les systèmes de défense aérienne d’Israël (Arrow, David’s Sling, Patriot, Iron Dome – et bientôt Iron Beam, basé sur la technologie laser) sont les plus efficaces au monde. En outre, l’attaque iranienne n’a pas démontré “l’unité islamique” recherchée par la “religiosisation” de la cause palestinienne (Al-Qods, “Jérusalem”, aux musulmans) mais l’isolement de Téhéran : participation à la défense du territoire israélien de la Jordanie et neutralité active des monarchies du Golfe qui n’ont pas autorisé l’Iran à utiliser leur espace aérien. L’opération iranienne a ainsi confirmé que la vraie division du Moyen-Orient oppose Israël et les pays arabes sunnites du Golfe, d’une part, à l’Iran et ses “proxies” de l’autre. L’attaque iranienne a de surcroît déplacé l’attention internationale de Gaza, où Israël était sur la défensive, vers la menace régionale iranienne contre laquelle l’État juif a retrouvé le plein soutien occidental. “L’axe de la résistance” (Iran, Syrie, Hezbollah, Hamas, Jihad islamique, milices chiites irakiennes, houthistes) a perdu en partie l’acquis des critiques internationales contre Israël après la destruction de Gaza en représailles à l’attaque barbare du 7 octobre.


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