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Le terrorisme islamiste : guerre psychologique et propagande par l’action

Alexandre Dell Valle, dans son dernier ouvrage, "La Stratégie de l'intimidation" (L'Artilleur, 2018) décrypte les ressorts du terrorisme comme guerre mentale et propagande par l'action violente.




Si le terrorisme, au sens guerrier ou psychologique, est si efficace en termes de propagande, c’est qu’il est hélas profondément enraciné dans la psychologie humaine, même si cela peut paraître contre-intuitif. En effet, l’histoire montre que les minorités organisées et violentes ont toujours su influencer, intimider et dominer des majorités pacifiques et non organisées.

C’est aussi l’idée centrale de l’œuvre du politologue italien Gaetano Mosca spécialiste de la « théorie des élites ».


Hegel et Joseph de Maistre ont également très bien montré la puissance de la violence comme moteur quasi mystique de l’histoire. De nombreuses victoires ont d’ailleurs été remportées grâce à des moyens de terreur visant à sidérer l’ennemi horrifié par les rumeurs d’actes atroces et par les menaces apocalyptiques.

C’est d’ailleurs la France de Robespierre et de Marat qui a inventé le régime de la Terreur, laquelle a délégitimé et détruit la monarchie française qui ne s’en remit jamais. Et les totalitaires rouges et bruns l’ont utilisée jusqu’à leur paroxysme comme système de gouvernement et de persuasion. L’utilisation des attaques suicides, répandue à partir des années 1990 et qui complète la tradition islamiste sunnite, laquelle valorise grandement le jihad offensif et défensif ainsi que la guerre sacrée ("jihad fi sabil allah", "Harb", et "Qital" mentionnés dans le Coran, les ahadith et la Sira), vise à rendre presque impossible la neutralisation du guerrier «islamikaze» qui «aime la mort plus que la vie» et qui la perd pour faire parler de sa religion à travers la médiatisation de son acte atroce sciemment mis en scène. Le message des jihadistes "héroïques", amoureux de la mort et à la recherche du combat total, qui revêt une force psychologique incroyable, est souvent sous-estimé dans nos pays pacifiés et "esclaves de la vie", dixit les jihadistes. Il revient en effet à faire comprendre à nos esprits rationnels qu’à armes égales, celui qui aime faire la guerre sans armures et qui court allègrement vers l’au-delà pour tuer son ennemi est vainqueur... On retrouve là la fameuse allégorie hégélienne du maître et de l’esclave qui donne à la fin l’avantage à celui qui ne craint pas la mort. Parfaitement compris par les publics pacifiques intimidés et abasourdis par ce goût du sacrifice, ce message de la terreur scénarisée subjugue, décontenance et effraie à la fois. Le pouvoir de fascination de cette forme de guerre très archaïque et très moderne à la fois, vient du fait qu’elle réhabilite le guerrier héroïque-martyr sans peur. Celui qui ose combattre corps à corps face à des guerriers occidentaux qui protègent au maximum leurs vies par peur de la perdre et bombardent "lâchement", des populations civiles qui abritent les jihadistes.


L’acte terroriste, qui glorifie le courage des moudjahidines et prétend perpétuer les combats de Mahomet lui-même, vise à produire l’effroi au sein du camp ennemi et à fasciner des âmes rebelles, sachant que la violence sidère ou fascine. Les mutilations insoutenables de corps et de chairs décapités, éventrés, explosés (y compris ceux des terroristes eux-mêmes), par des bombes ou par des armes tranchantes archaïques, intimident et tétanisent plus que toute autre image. Celles-ci sont bien plus difficiles à soutenir pour l’imagination des Occidentaux que les violences virtuelles quotidiennes d’Hollywood et les guerres "propres" qu’ils livrent en dehors de leur sol dans des contrées lointaines. De ce fait, le terrorisme réintroduit à la fois la tragédie de la guerre dans des pays qui ne la croyaient plus possible chez eux, puis la figure archaïque du guerrier barbare.


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