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Du terrorisme djihadiste et de la terreur psychologique au terrorisme intellectuel

Alors que les attentats terroristes font désormais partie du quotidien en France et en Europe depuis plusieurs mois, petite plongée dans les racines du terrorisme islamiste.

Le terrorisme n'est pas réductible à une violence barbare pure et simple. Il est un mode d'action, une arme de guerre au service d'une entité ennemie qui poursuit un objectif et un "but de guerre" et qui doit être défini. Le terrorisme islamiste, comme le terrorisme d'extrême­-gauche ou palestinien des années 1970­-1980 qui l'a en partie préparé, n'a jamais eu pour but de tuer pour tuer ou même de tuer des personnes parce qu'elles sont "responsables", d'où le fait que la plupart des victimes des terroristes sont "innocentes" au sens où elles ne sont ni responsables des décisions des chefs politiques incriminés ni même en situation de contentieux direct.


Le terrorisme est d'abord une guerre psychologique et médiatique

En fait, le but du terroriste est d'agir sur l'opinion publique par la médiatisation de la peur ou même de la sidération collective que l'acte (le plus injuste possible) produit inévitablement justement parce que des victimes meurent sans aucun mobile logique. Le but explicite premier de Daesh consiste donc, ­ comme le déclarent ses chefs et porte-paroles à chaque revendication, ­ à "répandre l'effroi" et la peur "dans le cœur des mécréants", aux fins de susciter chez l'ennemi un processus qui découle de cette peur collective et qui n'est autre qu'une "soumission volontaire", un "syndrome de Stockolm généralisé". Ceci est d'autant plus aisément atteignable dans nos sociétés qu'elles ont renoncé au conflit, à la guerre sur leur sol (elles ne font la guerre que très loin et de façon aérienne) et que le sentiment patriotique ou de défense de la civilisation chrétienne sont plus dénigrés qu'inculqués, le "complexe occidental" n'ayant d'égal que la pulsion néo­-impériale décomplexée des islamistes et des Etats "amis" qui les soutiennent et forment.

Pourquoi susciter l'effroi et la peur dans "le cœur des mécréants" ?

Premièrement, parce que le terroriste a pour tâche ­ par la peur qu'il crée ­ de faire plier l'opinion publique dans le cadre d'un objectif politique ou géopolitique précis : ici, le discours de dénonciation de l'islamophobie des Français est un prétexte mobilisateur mais l'objectif est de venger les djihadistes tués par les interventions occidentales qui les délogent du Mali, d'Irak, d'Afghanistan, ou de Syrie, tout en les incitant à s'embourber dans des guerres qu'ils ne sont pas prêts de livrer au sol et qu'ils vont perdre sur le plan de la guerre psychologique puisque les masses musulmanes vont être révoltées par les interventions militaires des "croisés" bien plus que par les actes terroristes ponctuels perpétrés en terre "croisée-­coupable".


Deuxièmement, le terroriste ou plutôt celui qui l'embrigade pour le compte d'une entité, a pour tâche de recruter, car il sait que si son acte horrifie la majorité, il va aussi sidérer/fasciner et séduire des minorités radicales ou psychopatiques en sommeil. C'est là qu'intervient le fameux "effet Werther" ou suicide mimétique qui a été théorisé par le sociologue David Philipps en 1982 après avoir constaté statistiquement une hausse du nombre de suicides en réaction à la médiatisation de cas de suicides. Cette pulsion d'imitation s'explique par le fait que l'homme est un homo mimesis qui se sent autorisé à faire quelque chose lorsque d'autres font pareil. Il y a donc ici un phénomène de légitimation par la geste d'autrui.

Par ailleurs, si les terroristes se mettent en scène comme ils le font, c'est parce qu'ils voient dans l'omniprésence du phénomène narcissique/voyeuriste dans nos "sociétés du spectacle", puis dans les médias et réseaux sociaux, des leviers de propagande. Cette société de la télé­réalité, caractérisée par le vide existentiel et la quête incessante de "live", nourrit ce terrorisme de type publicitaire et apocalyptique. Et il ne peut que susciter des nouvelles vocations car le désir mimétique de devenir célèbre par un acte définitif aimante une multitude de psychopathes ou ressentimentaux suicidaires en gestation. Aussi, depuis que Daesh a appelé à tuer les "infidèles" en les "jetant des immeubles", en "lançant des voitures sur eux", en "attaquant aux couteaux" ou même "au tournevis ou de ses propres mains", les idéologues de l'Etat islamique, qui s'inspirent à la fois de l'ouvrage de Abou Bakr Naji (La gestion de la barbarie) et de Abou Mousab al­-Suri, concepteur du "Djihad global" et auteur de L'Appel à la résistance islamique mondiale, puis des appels de Daesh lancés par son "agence de presse" Al­-Hayat, ont lancé un phénomène viral auto-­alimenté, réticulaire, qui n'est pas prêt de s'arrêter. Cet appel au djihad global aura bien plus de succès et d'adeptes que les appels de Ben Laden après le 11 septembre, car les professionnels de la publicité savent que lorsqu'un acte médiatisé implique un individu auquel on peut aisément s'identifier (comme dans le pub ou les stars des films), le pourcentage de public-cible sensibilisé est bien plus nombreux en raison du besoin d'identification.



A côté de l'effet Werther, il y a aussi l'effet ou expérience de Milgram : cette étude, qui date des années 1950, montre qu'un être humain se sent autorisé à commettre un acte violent ou sadique dès lors qu'une autorité morale (qu'elle soit scientifique ou religieuse) le lui permet, le dédouane, ce qui est le cas de Daesh, Al-­Qaïda ou même Boko Haram, AQMI ou les Tribunaux islamiques et les Shabbab somaliens qui citent la jurisprudence islamique officielle légitimant leurs actes violents. Daesh accorde en effet une extrême attention à la médiatisation de la caution morale-religieuse en s'appuyant sur des textes très précis contenus dans le Coran et surtout dans les Hadith de la Sunna (Tradition/corpus islamique sunnite jamais réformé depuis le XIème siècle) et abondemment cités par les djihadistes comme on le voit bien dans leurs revues diffusées sur le Web à l'usage des Occidentaux : Dar al­-Islam (en français) et Dabiq (en anglais).

De ce fait, Daesh est mille fois plus dangereux qu'Al­-Qaïda dans nos sociétés car les cerveaux de l'EI mettent l'accent sur les deux phénomènes, le mimétisme via les vidéos de massacres, et le recours à l'autorité morale via les textes religieux et la figure d'imams, à commencer par le Calife Al­-Baghdadi, qui est docteur en religion musulmane sunnite et bien plus "savant" au sens théologique­-juridique que Ben Laden ou son successeur Zawahiri. D'où aussi le nom-même d'Etat islamique et sa proclamation du Califat qui visent à puiser dans l'orthodoxie sunnite et dans l'histoire de la fondation de la civilisation islamique elle-même, ce qui est très "chargé" en termes de légitimation et d'inconscient collectifs et archétypes jungiens.

Du terrorisme jihadiste au terrorisme intellectuel

Là où le génie des terroristes est manifeste, c'est dans l'art de culpabiliser l'ennemi et d'utiliser à son profit sa mauvaise conscience et son affaiblissement psychologique dû à l'idéologie ethno-masochiste et repentante pathologique. Depuis les attentats du Bataclan, les autorités morales, politiques et médiatiques ne cessent de condamner le "risque de guerre civile", de tirer la "sonnette d'alarme anti­-islamophobe". Certains accusent déjà la "droite" de vouloir persécuter les minorités et réduire les libertés privées puis accusent même "l'extrême-droite" de préparer des émeutes raciales­ anti­-arabes et anti­-musulmanes, or depuis le 11 septembre 2001, et même depuis les attentats islamistes en France commis dans les années 1980 et 1990 à Paris par l'Iran ou le GIA algérien, plus les islamistes frappent et tuent, plus les gouvernements démocratiques occidentaux redoublent de profession de foi anti-­islamophobie. Et plus on observe, en Europe comme aux Etats­-Unis, une progression des conversions à l'islam et une fascination pour cette religion bien plus accompagnée d'une crainte­ sidérante que d'une haine violente réactive.

En effet, à chaque fois qu’un attentat meurtrier est commis aux cris d’Allahou Akbar, nos élites politiques, nos intellectuels et les responsables religieux disent que cela n’a "rien à voir avec l’islam" puis redoublent de zèle "anti­-islamophobe", ce qui correspond d'ailleurs exactement au but psychologique de soumission­-culpabilisation recherché par les terroristes. Alors que les enseignements mêmes de l'islam orthodoxe issus de la charia justifiant l'intolérance et la violence devraient être criminalisés, ce sont les arsenaux juridiques "anti­-islamophobie" qui sont renforcés. Ceci revient en effet à exonérer le monde musulman de toute remise en question alors que la violence islamiste vient de textes religieux qui n'ont jamais été remis en question et qui sont toujours enseignés y compris sur notre sol. Ainsi, plus on frappe au nom de l'Islam, plus on nous "prouve que le vrai Islam n'est pas ça" (là encore à tort ou à raison), alors que l'islamisme radical djihadiste est une "maladie née dans le corps même de l'islam", comme l’ont pourtant si bien dit les plus grands intellectuels musulmans éclairés comme Mohamed Arkoun, Abdel Wahhab Medeb, cheikh Bentounes, Mohamed Charfi, etc. La démarche actuelle qui consiste à mettre sur un même plan l'horreur réelle et barbare des terroristes et une hypothétique "réaction" violente, raciste-islamophobe" des chrétiens ou des occidentaux en général revient en fait à tomber dans le piège psychologique tendu par les islamistes qui se régalent de voir nos élites battre notre coulpe post-coloniale. Pareille attitude est irrationnelle quand on sait que toute la stratégie de communication des islamo­-djihadistes consiste justement à nous faire croire que leur violence ne serait qu'une réponse à notre culpabilité première "d'ennemis de l'islam". Comme si nos sociétés respiraient tellement la haine envers les musulmans que nous serions "quelque part" un peu responsables des victimes de Daesh.


J’ajoute que lorsque l’on dénonce une "vague de violences envers les musulmans" et de haine anti­islamique, on s'inquiète de quelque chose qui ne s'est pas produit et qui est heureusement irréel. Seuls les islamistes radicaux les plus paranoïaques croient d’ailleurs en cela ou plutôt le font croire à des musulmans-­cibles qui risquent d’être fanatisés en s’en persuadant. De ce point de vue, la vidéo produite par le gouvernement après les attentats de novembre 2015 montrant une femme se faisant agresser parce qu'elle porte le voile, ne reflète pas une réalité mais les idées reçues culpabilisantes d'élites déconnectées du réel, car dans les faits, les musulmans ne se font pas agresser dans la rue en France, en Belgique ou en Italie parce qu'ils sont musulmans, et même après des attentats commis "au nom de l'islam", et on ne peut que se féliciter de cette sagesse. En douter et faire croire que les Européens abreuvés d'antiracisme et de pacifisme "risqueraient" de déclencher des vagues de représailles anti­-musulmanes confinant à la guerre civile revient à nous mettre collectivement au même niveau que des psychopathes barbares de Daesh ou Al­-Qaïda.


Deux poids, deux mesures

Par contre, au moment où nos dirigeants bien-pensants condamnent par avance une "réaction violente" de l'extrême-­droite raciste et "islamophobe" source de guerre civile, le gouvernement français demeure passif face à une violence d'extrême-gauche bien réelle et massive, plutôt pro-islamiste, quant à elle, et permanente : des zadistes à Nuit Debout en passant par les sabotages et appels à la haine anti­-flics de la CGT. En réalité, il y aurait bien plus matière à s'inquiéter de la convergence anti­-occidentale rouge­-verte qu'incarnent tant le terroriste pro­palestinien d'extrême-gauche converti au salafisme, Carlos, qui vante Daesh, que l'ancien terroriste d'Action Directe Jean Marc Rouillan qui a trouvé, comme nombre de militants radicaux marxistes, les tueurs du Bataclan plutôt "courageux"...


Pour sauver le vivre-ensemble français et européen, il faut donc selon moi rompre avec la mauvaise conscience, relancer un "patriotisme intégrateur", traiter sans exceptions tous les citoyens et toutes les religions de la même manière sans compromission, sans peur des lobbies et des Ligues de vertus souvent d'origine marxiste. Et sur le plan extérieur, il serait bien temps de revoir en profondeur nos alliances géostratégiques, car nous avons actuellement pour "amis-alliés" musulmans les pays qui financent l'Islamisme et les terroristes du monde entier : la Turquie, le Qatar, l'Arabie Saoudite, le Pakistan et le Koweït. Ces pôles du totalitarisme islamique sont de faux amis et de vrais ennemis ! Car ils appuient, financent ou forment (wahhabisme, Frères musulmans) nos pires ennemis extérieurs et intérieurs. Nous avons le devoir de protéger nos compatriotes musulmans et non­-musulmans de leur influence et de sortir les Français de confession musulmane de leurs griffes totalitaires. Il est tant que l'Occident atlantiste aveuglé par ses obsessions de Guerre froide se rende compte que l'ennemi existentiel de nos sociétés et de notre civilisation n'est pas la Russie néo­-orthodoxe de Vladimir Poutine ni même ses alliés certes peu fréquentables iranien, syrien ou chinois, mais les monarchies wahhabites­ totalitaires du Golfe, qui forment, financent et arment nos ennemis qui veulent nous conquérir, et ceci depuis des décennies.

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