Projet de coalition anti-Hamas : “Israël n’a pas besoin de troupes, mais du soutien de ses alliés”
INTERVIEW. Alors qu'Emmanuel Macron a proposé mardi une coalition internationale pour lutter contre le Hamas, après les attentats qui ont meurtri Israël le 7 octobre, Alexandre del Valle partage son scepticisme face à un projet qui relève plus de l'effet de communication que du projet concret.
Valeurs actuelles. Lors de sa visite en Israël, mardi, Emmanuel Macron a avancé l’idée d’une “coalition internationale” contre le Hamas. Qu’entend-il par là ?
Alexandre del Valle. En employant ce terme, le président de la République fait allusion à la coalition qui avait été mise en place en Irak et en Syrie pour combattre Daech. Derrière cet effet de communication, le langage codé, c’est que le Hamas est l’équivalent de Daech.
Au-delà de l’aspect communication, concrètement, à quoi cela servirait-il d’envoyer des soldats sur les terrain, pour appuyer Israël ?
L’annonce d’Emmanuel Macron tient surtout du leurre. La coalition internationale aurait du sens s’il y avait une guerre contre un État. Là, on imagine mal les forces françaises, qui viennent de se retirer du Mali, aller combattre un ennemi extrêmement aguerri à Gaza, et qui a tendu un piège sur place. Les Israéliens connaissent très bien le terrain, ils n’ont pas besoin d’aide. Leur seul problème, c’est que l’opinion internationale et les Nations Unies sont hostiles à la répression sur place. Comme d’habitude, Macron joue aux héros : il espère faire oublier la politique intérieure, surfer sur l’instant pour redorer son blason.
Dans cette affaire, Emmanuel Macron peut-il espérer séduire l’opinion israélienne ?
En Israël, cette annonce n’a pas été très bien prise. Le projet est considéré là-bas comme quelque un peu arrogant, comme si le pays avait besoin de de troupes aujourd’hui. Encore une fois, le principal problème d’Israël, ce n’est pas un manque de troupes, c’est le manque de soutien de ses alliés. En 2006, quand Tsahal menait des opérations contre le Hezbollah, c’est la communauté internationale qui lui a demandé de freiner, de s’arrêter en chemin. Sans cela, le Hezbollah aurait été entièrement détruit en 2006.
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