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FR-Algérie - culpabilisation à sens unique et rente mémorielle : armes de guerre civilisationnelle

Pour notre chroniqueur Alexandre del Valle, le pouvoir algérien n’a pas intérêt à ce que les mémoires se “réconcilient”, comme le souhaite Macron. Car cela remettrait en cause la légitimité de la junte algérienne, fondée depuis 1962 sur un revanchisme postcolonial anti-français et une “rente” mémorielle qui ont longtemps servi à couvrir la gestion corrompue et autoritaire du pays. Le dommage collatéral de cette stratégie, qui est aussi celle de nombreux pays musulmans, est la déstabilisation des banlieues françaises, où nombre de ”jeunes” grandissent avec la haine de la France et de l’Occident.




Les relations houleuses entre l’Algérie et la France viennent de subir un nouveau coup dur, peu après la reconnaissance par Emmanuel Macron des massacres des Harkis par le FLN. Officiellement, la raison du rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Mohamed Antar Daoud, par le gouvernement d’Alger, serait une réaction aux propos tenus par Emmanuel Macron sur l’Algérie, le 30 septembre, lorsque le président français s’est exprimé très durement envers la classe dirigeante algérienne, accusée d’avoir créé l’histoire officielle d’un pays qui n’existait pas avant la colonisation et qui serait fondée sur un « canon commémoratif » francophobe devenu une “rente”… Peu importe que Macron ait dit cela dans un contexte électoral, comme s’en indigne la gauche tiersmondiste qui a relayé depuis 60 ans ce narratif anti-français d’une Algérie purifiée de ses pieds-noirs chrétiens, juifs et de ses Harkis.


En fait la dénonciation par le pouvoir algérien “offusqué” de cette “ingérence” inacceptable n’était qu’une réponse à une ingérence permanente de l’Algérie (et d’autres pays musulmans) dans les affaires françaises : les appels de haine envers la France et l’exacerbation permanente du traumatisme colonial ont poussé depuis des décennies des jeunes Français d’origine algérienne à détester le pays qui a accueilli leurs parents. Outre les continuels appels à la haine anti-française de tous les dirigeants algériens depuis 1962, qui ont atteint leur paroxysme avec l’ex-président francophobe Abdelaziz Bouteflika (chassé du pouvoir par une rébellion qui sait que la junte est le vrai responsable des maux de l’Algérie actuelle), rappelons ces passages de l’hymne national algérien, le seul au monde qui attaque un autre pays dans ses paroles et le désigne comme ennemi : « Ô France ! le temps des palabres est révolu. Nous l’avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! voici venu le jour où il faut rendre des comptes ! Prépare toi ! Voici notre réponse ! Le verdict, notre Révolution le rendra »...


Digne successeur de Bouteflika dans l’outrance verbale et diabolisante, l’actuel président algérien Abdelmadjid Tebboune a ainsi accusé la France, en mai 2020, d’avoir massacré plus de la “moitié de la population algérienne”, terme souvent repris démagogiquement par un autre ennemi prédateur de la France et de l’Europe, Recep Taiyyp Erdogan, qui rêve de prendre la place de la France au Maghreb et utilise l’anticolonialisme anti-français pour asseoir son propre néo-colonialisme turc-ottoman… La dernière provocation/diabolisation en date envers la France a été celle d’El Hachemi Djaâboub, ex-ministre algérien du travail, a carrément accusé la France, le 8 avril 2021, de demeurer « l’ennemi traditionnel et éternel ». Cette bombe à retardement de la haine anti-française inculquée aux Algériens, fruit d’une ingérence étrangère revancharde, explique, avec les propagandes fanatiques d’autres pays (Pakistan, Turquie, Maroc, Qatar, etc.) et d’organisations islamistes, l’évolution de banlieues en voie d’homogénéisation extra-européenne islamique en des zones de contre-pouvoir et de sécession politico-civilisationnelle, où seules les lois des caïds de la drogue (très liés au Narco-État du Maroc) et des islamistes sont respectées dans une logique de libanisation.

En fait, le « en même temps » de Macron sur la question algérienne s’est avéré contre-productif : en voulant faire suivre les demandes d’excuses et la reconnaissance des “crimes contre l’Humanité” commis par la France en Algérie par la demande de pardon aux Harkis, Macron s’est en fait aliéné les autorités algériennes (qui ont rejeté le rapport Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie remis à Macron en janvier 2021) et qui ne pardonnent par la réhabilitation des Harkis. De même, en soutenant dès son arrivée le nouveau président algérien Tebboune – qui ne lui a pas retourné la politesse – Macron s’est mis à dos l’opposition algérienne et les manifestants du Hirak, dont les slogans sont devenus plus anti-français, la France étant désignée comme « complice » du « régime militaire », en place depuis 1962. Bref, la France du « en même temps » a réussi à cumuler à la fois l’hostilité du pouvoir et de la contestation populaire ! Le bréviaire de la haine francophobe enseigné tant en Algérie qu’au sein de la diaspora en France continue de faire des dégâts. Il accélère la libanisation de la France multiculturelle, devenue multiconflictuelle, lit de la tant redoutée “guerre civile” (dixit Xavier Bertrand, et pas seulement Zemmour…).


Une vaine politique de l’apaisement


Macron a également déclenché des indignations en Algérie et ailleurs au Maghreb après avoir annoncé une réduction de 50 % des visas accordés en France aux Algériens et aux Marocains, puis de 30 % de ceux des Tunisiens. Ces mesures avaient vocation à sanctionner une réalité indéniable : le refus de nos “partenaires” du Maghreb (qui bénéficient pourtant des milliards de l’UE et de la France au titre de la coopération) de reconnaître la nationalité de leurs ressortissants frappés de mesures d’obligations de quitter le territoire français (OQTF) et donc de délivrer un laissez-passer consulaire permettant le retour des clandestins. On pourrait aussi ajouter le scandale des détournements de cartes vitales et autres aides de l’État français qui permet à des millions de fraudeurs du Maghreb et d’Afrique noire de détourner l’argent du contribuable français, souvent avec la complicité des autorités locales qui produisent des documents d’identité de complaisance, parfois de personnes mortes… La seule façon de pousser ces pays à délivrer plus de “laissez-passer consulaires” (LPC) permettant les expulsions est d’exercer des pressions diplomatiques, et éco-financières, mais aucun dirigeant français n’a jamais mené cette logique de rapports de force jusqu’au bout.

En réalité, les présentations d’excuses ou dénonciations de “crimes coloniaux contre l’humanité” de nos dirigeants n’ont fait que renforcer le ressentiment anti-français des décideurs algériens qui ressentent chaque appel à la repentance comme une “faiblesse tentatrice”. Ceci est d’autant plus évident que les élites des pays musulmans sont très fiers du fait que leurs ancêtres (califats arabes, Turc-ottomans et Pirates barbaresques maghrébins) ont colonisé et razzié l’Europe du Sud et balkanique durant des siècles, depuis 711, donc bien avant les premières croisades, ceci jusqu’à la colonisation de l’Algérie en 1830… Ils savent bien que la repentance devrait être réciproque, et que le bon sens commanderait de laisser la place à l’avenir, comme le font les pays ex-colonisés d’Indochine, dont les ressortissants émigrés chez nous n’éduquent pas leurs enfants dans la haine anti-française mais dans l’assimilation.

Les dirigeants du “Système” politique algérien savent que la culpabilisation a toujours fonctionné avec des leaders occidentaux repentants qui n’ont jamais dénoncé les termes d’une relation post-coloniale fondée sur la non-réciprocité et qui cèdent à chaque crise diplomatique : la France accueille des millions de musulmans du Maghreb (dont beaucoup sont incités par leurs pays d’origine à détester le pays d’accueil), mais la nationalité algérienne est interdite depuis 1962 aux chrétiens, dont le prosélytisme est sévèrement réprimé, alors que les pays musulmans exigent en Europe des mesures “antiracistes” et plus de mosquées. Le problème des “banlieues” n’est pas le fruit d’un “ADN” d’inassimilabilité des musulmans, mais de la haine anti-occidentale distillée chez les “jeunes” par les pays islamiques d’origine.

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