Del Valle : le Hezbollah victime de son archaïsme techno-militaire face à Israël
Mardi et mercredi dernier, une quarantaine de personnes ont été tuées et des milliers d’autres ont été gravement blessées après des explosions spectaculaires d’appareils de communication utilisés par le Hezbollah dans de nombreuses localités du Liban.
Ces explosions ont littéralement sidéré la société libanaise puis provoqué une déstabilisation psychologique et opérationnelle sans précédent du groupe libanais chiite pro-iranien. Après cette opération, aucun équipement électronique ne sera plus jamais sûr. L’attaque israélienne ne serait en fait que la première étape d’une offensive totale contre le Hezbollah, qui venait d’en avoir connaissance, ce qui aurait obligé Tsahal à déclencher le plan plus tôt. L’attaque prouve qu’Israël a profondément infiltré le réseau de communication du “Hezb” et ses chaînes d’approvisionnements. D’où la polémique sur les sociétés basées à Taïwan et en Hongrie suspectées d’avoir fabriqué les téléavertisseurs et qui nient toutes leur responsabilité : le gouvernement taïwanais assure que les circuits intégrés et batteries n’ont pas été fabriqués à Taiwan, tandis qu’une entreprise japonaise (ICOM) fabriquant des talkies-walkies et dont les appareils ont explosé, a juré avoir arrêté de produire ce modèle il y a 10 ans. La marque japonaise a déclaré que la production de ce modèle et de ses batteries s’était arrêtée il y a 10 ans et qu’il n’est pas possible de confirmer si les IC-V82 qui ont explosé ont été expédiés par ICOM ou via un distributeur…
Plus tôt, la filiale américaine d’ICOM a déclaré que les appareils seraient des contrefaçons faciles à trouver en ligne. Quant aux téléavertisseurs explosés mardi, ils sont issus d’une nouvelle marque jamais utilisée avant par le Hezbollah qui en a introduit 5 000 dans le pays il y a cinq mois. Les étiquettes visibles sur des fragments de ces bipeurs plaident en faveur d’un modèle Rugged Pager AR-924, mais son fabricant taïwanais, Gold Apollo, a nié toute implication… Le fondateur, Hsu Ching-Kuang, affirme qu’il a signé un accord avec une société basée en Hongrie – BAC – pour utiliser le nom de son entreprise. La présidente de cette derinière, Cristiana Bársony-Arcidiacono, a quant à elle déclaré à NBC qu’elle ne savait rien des explosions et qu’elle n’était qu’un « intermédiaire » et pas un fabriquant.
Modus operandi et conséquences
Les premières explosions ont éclaté mardi à Beyrouth et ailleurs au Liban, vers 15h30. Les téléavertisseurs avaient reçu des messages qui semblaient provenir des dirigeants du Hezbollah avant d’exploser mais qui ont en fait servi à déclencher les appareils. Le bilan est au moins de 15 morts et 3000 blessés. Les explosions se sont poursuivies pendant une heure. Peu après, des dizaines de personnes ont afflué dans les hôpitaux, provoquant un chaos total dans les services d’urgence libanais. Le même scénario s’est reproduit mercredi vers 17h00 avec des talkies-walkies achetés par le Hezbollah. L’une des explosions s’est déroulée Beyrouth près des funérailles des victimes de la veille, semant la panique dans le cortège. Vingt personnes ont été tuées et au moins 450 blessées, selon le ministère libanais de la Santé. Deux des personnes tuées dans l’attaque de mardi étaient les fils de députés du Hezbollah. La fille d’un membre du Hezb a été tuée. L’ambassadeur d’Iran au Liban, Mojtaba Amani, a été blessé.
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