Alexandre del Valle : les vraies raisons de la haine existentielle du pouvoir algérien envers la France
CHRONIQUE. Alexandre del Valle analyse les ressorts de la haine distillée par le gouvernement algérien envers la France depuis de nombreuses années.

Depuis des décennies, le fait que la classe politique algérienne fasse son beurre sur la distillation de la haine envers la France n’est qu’en partie la conséquence d’une rancune post-coloniale et d’une acculturation mal digérée. Et la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par Emmanuel Macron, fin juin 2024, n’a été que la goutte qui a fait déborder le vase. D’autres éléments entrent en fait en considération : premièrement, l’ancien colonisateur était un pays judéo-chrétien qui a d’ailleurs affranchi les anciens dhimmis juifs maghrébins jadis soumis, puis qui a laissé agir des missionnaires catholiques, même si la République laïque n’a jamais promu le prosélytisme chrétien.
Le choix de l’Algérie postindépendance de se déclarer « arabo-musulmane » et de chasser ses derniers juifs autochtones et ses Européens chrétiens, même non français (Italiens, maltais, Espagnols, Gitans, etc.), a ensuite exacerbé l’aspect islamique de la rancune. Car plus un pays est islamisé, moins il peut digérer d’être ou d’avoir été dominé par des « mécréants ». La preuve en est que l’Algérie, devenue depuis l’ex-Président francophobe Bouteflika de plus en plus islamique pour couper l’herbe sous le pied des islamistes (« concorde civile »), en veut autant à la France coloniale qu’elle est fière de la colonisation turque. Or la Turquie n’a pas été moins acculturante que la France, et elle est restée non pas 130 ans mais près de 5 siècles, mais son joug était acceptable car musulman, la Sublime Porte étant le siège du Califat islamique sunnite. Certes, la différence est que la France a fait de l’Algérie trois départements, où elle a répandu le « venin » des Lumières, de sa culture, de son esprit rationaliste. Et en tant que pays le plus laïque au monde, elle a donc donné des idées non-islamiques » à des élites algériennes éclairées, parfois devenues athées, agnostiques ou anti-islamiques, comme Boualem Sansal.
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