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Alexandre del Valle : La Turquie connait des manifestations inédites depuis 2014

  • Photo du rédacteur: AdV
    AdV
  • 14 avr.
  • 2 min de lecture

CHRONIQUE. Depuis l'arrestation d'Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul, principal opposant à Recep Tayyip Erdogan, la Turquie connaît les plus grandes manifestations anti-gouvernementales jamais vues depuis  2014. Alexandre del Valle revient sur les causes et les potentielles conséquences de tels désordres.





Depuis l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul, principal opposant à Recep Tayyip Erdogan, la Turquie connaît les plus grandes manifestations anti-gouvernementales jamais vues depuis la crise du parc du Gezi en 2014. Imamoglu est accusé de « corruption » et de liens avec le PKK kurde, interdit et dont le chef, Abdullah Oçalan, a pourtant appelé à déposer les armes. Les manifestations rassemblent étudiants, nationalistes, kémalistes ou retraités, tous unis par leur mécontentement mental dans un contexte de paupérisation croissante. Analysons les scénarios possibles dans l’optique de la prochaine élection présidentielle turque de 2028 qu’Erdogan ne peut pas d’autant pas se permettre de perdre qu’il veut inscrire son règne dans l’Histoire turque comme celui du seul leader qui aura dépassé en longévité le fondateur de la République turque moderne, Mustapha Kemal Atatürk.


Le Parti républicain du peuple (CHP), parti kémaliste-laïque historique auquel appartient Imamoglu, et son président, Özgür Özel, ont dénoncé l’arrestation d’Imamoglu et appellent toujours à manifester. ​En réponse, Erdogan a accusé le CHP de tenter d’empêcher l’enquête sur Imamoglu, puis des enquêtes ont été ouvertes contre des membres du CHP pour des accusations de corruption. Des mandats d’arrêt ont été émis contre plusieurs collaborateurs d’Imamoglu, des restrictions sur les réseaux sociaux ont été imposées à Istanbul pour contenir les manifestations qui se poursuivent dans le pays, quoi que de façon moins massive. L’opposition continue de revendiquer des élections anticipées et dénonce ce qu’elle perçoit comme une dérive autoritaire du gouvernement. Quant à Özgür Özel, qui a qualifié l’arrestation d’Ekrem İmamoğlu de « coup d’État », il a vite été visé par une plainte venant de Recep Tayyip Erdoğan qui l’accuse d’ »insulte envers le président », une disposition judiciaire inscrite du code pénal turc régulièrement actionnée par face aux internautes, aux caricaturistes ou aux opposants.


Depuis 2014, 160 000 personnes ont été ainsi poursuivies pour ce motif. Özel est déjà également en train de subir une campagne médiatique de délégitimation et est confronté à une levée de son immunité parlementaire si l’AKP décide d’aller plus loin. Il est vrai que depuis les élections municipales de mars 2024, le CHP a infligé une défaite au parti d’Erdogan dans nombre de grandes villes, dont Istanbul, Ankara et Izmir. Toutefois, une répression trop brutale contre lui risquerait de radicaliser encore plus l’opposition et d’attiser les tensions. Au-delà du CHP, le pouvoir AKP a dans le viseur, comme Victor Orban en Hongrie, le Rêve géorgien en Géorgie ou Vladimir Poutine en Russie depuis 2012, maintes ONG occidentales (Freedom House, Reporters sans frontières, etc.) accusées de pratiquer l’ingérence. Face à ce risque, le régime d’Erdogan a renforcé le contrôle sur le pouvoir judiciaire, les médias indépendants et les réseaux sociaux. Des arrestations ont visé journalistes, universitaires et opposants. Face à cela, les municipalités d’opposition, à Istanbul comme à Izmir, bastions du CHP, tentent d’agir en contre-pouvoirs, avec une marge de manœuvre réelle mais limitée.



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