Alexandre del Valle : La Moldavie entre intégration dans l’Union européenne et voisinage russo-ukrainien
CHRONIQUE. Au mois d’octobre prochain, la Moldavie, enclavée entre la Roumanie et l’Ukraine, va connaître une élection présidentielle qui va voir s’affronter la sortante, Maia Sandu, qui se réclame des valeurs européennes, et une nouvelle venue en politique, Victoria Furtună, qui prône un strict réalisme géopolitique, analyse Alexandre del Valle.
La Moldavie est constitutionnellement un État neutre, même si elle est liée à l’Otan par le Partenariat pour la paix depuis 1994. Son armée a fourni un contingent à la force de l’Otan au Kosovo dès 2014 et un bureau de l’Otan a été installé en Moldavie en 2017. En juin 2023, le sommet de la Communauté politique européenne de Bulboaca, ville moldave proche de la frontière ukrainienne, a confirmé l’ambition de la présidente moldave, Maia Sandu, de se rapprocher de l’Occident et de s’éloigner de la Russie. Cette “déneutralisation” n’améliorera pas forcément la sécurité du pays. Il reste en fait très polarisé entre russophiles et atlantistes. Face à cette déneutralisation, la Transnistrie prorusse a demandé à Moscou de la « protéger du gouvernement moldave ». Son président, Vadim Krasnosselski, a appelé les autorités moldaves à reconnaître l’indépendance de la Transnistrie séparatiste. C’est dans ce contexte que Maia Sandu, qui estime que la Russie est la plus grande menace pour son pays, a décidé d’organiser un référendum sur l’adhésion à l’Union européenne. Pour le Moscou, il s’agit d’un casus belli, car l’Otan est l’organisation de défense de l’Union européenne et n’est pas une alliance seulement défensive, mais offensive (Serbie, Afghanistan, Libye, etc.).
Un contexte internatioanl tendu
C’est dans ce contexte géopolitiquement sismique que Victoria Furtună, ancienne procureure anticorruption, a annoncé sa candidature à la présidence de la Moldavie, avec la paix comme objectif premier. Pour elle, une diplomatie proactive sur le modèle du plan de paix récemment présenté par Viktor Orbán est la seule façon de protéger son pays du conflit ukrainien. En politique intérieure, elle donne la priorité à l’État de droit, donc à la lutte contre la corruption, la criminalité et la toxicomanie. Comme Georgia Meloni en Italie, Viktor Orbán en Hongrie ou Robert Fico en Slovaquie, elle met l’accent sur la préservation des valeurs traditionnelles familiales et traditionnelles. Pour Furtună, la Moldavie ne peut pas se permettre encore quatre années de règne de Mme Sandu, qui a porté son pays au bord d’un effondrement économique, politique et diplomatique. Furtună souligne d’ailleurs que ce n’est pas parce que la présidente Sandu déclare son adhésion aux valeurs européennes qu’elle les incarne…
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