Alexandre del Valle : L’agenda post-occidental des BRICS+ et le projet difficile de dédollarisation du monde
CHRONIQUE. Le 16ème Forum des BRICS, qui s'est tenu à Kazan en octobre, a été l'occasion de discuter de la dédollarisation du monde, et de mettre en avant l'émergence d'une monnaie alternative qui pourrait reposer sur la blockchain.
Les BRICS représentent la moitié de la population mondiale et 35 % du PIB mondial. Étant donnée leur croissance rapide ils devraient rattraper le G7 dans quinze ans. Cinq membres des BRICS sont producteurs de pétrole et de gaz. Les BRICS sont en première place pour le cuivre, le lithium, l’acier, les métaux rares ou l’aluminium. Leur objectif n’est pas unanimement tourné contre l’Occident – puisque quatre de ses membres lui sont liés – mais d’édifier un ordre mondial multipolaire alternatif, « un processus irréversible » selon Vladimir Poutine.
Chacun y trouve son compte indépendamment des alliances stratégiques. Outre les Emirats, l’Egypte et l’Arabie saoudite – bientôt membre officielle – alliés de l’Occident, l’Inde fait partie du QUAD (Quadrilatéral Security Dialogue), composé du Japon, des États-Unis, de l’Inde et de l’Australie dédié à l’endiguement de la Chine. Les BRICS rassemblent donc des pays aux stratégies contradictoires.
Il n’est pas un anti-OTAN. Il vise simplement à instaurer un ordre international multipolaire composé d’Etats souverains jaloux de leurs zones d’influences et qui redoutent les ingérences et les sanctions unilatérales des Occidentaux, même lorsqu’ils sont leurs alliés. Les BRICS appellent donc habilement au multilatéralisme des Nations Unies, dont le secrétaire général, Antonio Guterres, a été un invité de marque. Sa poignée de main respectueuse à Poutine a constitué un pied de nez à l’Occident et à Volodymyr Zelenski qui a échoué à faire du chef du Kremlin un paria.
L’idée phare du Sommet a été la dédollarisation via une monnaie alternative symbolisée par le billet prototype brandi par Poutine. Cette devise pourrait passer par la blockchain et les monnaies digitales, avec l’or comme étalon. Des travaux sont en cours pour développer une plateforme multilatérale de paiements numériques transfrontaliers gérée par les banques centrales des BRICS et des pays associés, nommé BRICS Bridge. Elle s’inspire du projet mBridge de la Banque des règlements internationaux (BRI), la « banque centrale des banques centrales », basée en Suisse.
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