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De la Charia au Djihad : les vraies sources du totalitarisme islamiste

Plus qu'un simple courant religieux, l'Islam totalitaire est une lame de fond qui traverse l'Islam depuis des siècles.


Nous avons expliqué amplement dans des ouvrages et articles précédents que l’islamisme totalitaire ne vient pas d’une simple « hérésie de l’islam » ou d’un « faux islam », mais du sunnisme orthodoxe jamais réformé depuis le Xème siècle, et dont la secte wahhabite-salafiste, gardienne des lieux saint de La Mecque et Médine (al-Haramain) depuis les années 1930, issue de l’une des quatre écoles sunnites officielles de l’islam : le hanbalisme, est aujourd’hui l’avant-garde doctrinale. Certes, nombre de musulmans sunnites ou non, pieux ou non pieux, mais sincèrement modérés affirment que cet islam fanatique est « hérétique »

En réalité, cette affirmation est aussi difficile à prouver que d’accuser le Vatican de ne pas représenter le catholicisme ou d’affirmer que le Pape est un « hérétique » anti-chrétien. De plus, cet islam salafiste-standard ultra-monothéiste diffusé par la secte wahhabite via l’OCI, la Ligue islamique mondiale ou autres pôles analysés dans cet ouvrage et qui enseigne le combat contre toute forme de « shurk » (associationnisme-paganisme) ; qui invite à conquérir toutes les sociétés non soumises à l’ordre islamique, et qui prône le jihad comme une sorte de « cinquième pilier » de l’islam puis diabolise les non-musulmans et les « apostats », n’a jamais été déclaré « hérétique » par la plus grande et prestigieuse faculté théologique su monde sunnite : Al-Azhar, basée au Caire (Egypte). Par contre, cette même université sunnite « modérée », trop souvent présentée plus « modérée » que le pôle saoudien, n’a pas eu d’état d’âme à excommunier nombre de réformistes comme par exemple le grand savant égyptien d’Al-Azhar Abdel Razeq, accusé d’apostasie pour avoir simplement écrit un ouvrage novateur, en 1925 - L’islam et les fondements du pouvoir ». Plus récemment, on peut également citer une autre grande figure savante d’Al-Azhar excommuniée : le théologien mutazilite Nasr Hamid Abou Zayd. Celui-ci finit ses jours (2010) aux Pays-Bas après après avoir été déclaré « apostat « et pour cela divorcé de force de sa femme et menacé de mort. D’une manière générale, tous les penseurs musulmans modernistes qui ont osé préconiser un aggiornamento de l’islam après avoir dénoncé la violence et l’intolérance sacrées contenues dans le corpus légal de l’islam ont été mis à l’index, condamné pour « apostasie », ou même éliminés physiquement. Et dans cette entreprise de mise à l’index au cercueil des réformistes et libéraux musulmans, les islamo-terroristes n’ont ni innové ni dénoté, puisque leurs assassinats d’apostats ont en général suivi les excommunications prononcées par des tribunaux de pays de l’OCI et de prestigieuses universités sunnites « modérées » comme Al-Azhar.


Les vrais partisans du « choc des civilisations » ne sont donc pas ceux qui dénoncent les islamistes ou caricaturent l’islam, mais les suprémacistes islamistes (jihadistes ou pas), qui veulent reproduire le scénario des premières conquêtes de l’islam (jihad offensif) et réunir à terme dans un Califat ressuscité toutes les composantes de la Oumma lancée à nouveau à la conquête de l’Humanité. N’oublions jamais que ce projet de conquête, qui n’est pas seulement le fait des groupuscules terroristes mais qui est très cohérent doctrinalement est enseigné dans nombre de centres islamiques et mosquées du monde de manière plus ou moins édulcorée. Ce plan de conquête-islamisation n’est pas une invention « islamophobe » des « blasphémateurs » et « racistes » occidentaux dénoncés par l’OCI (Organisation de la Coopération islamique) et les ligues de vertus anti-racistes, et il a été dénoncé par d’illustres oulémas réformistes excommuniés ou par nombre de dirigeants modernistes musulmans comme Atätürk, Bourguiba, Nasser, Reza Pahlavi ou, plus récemment, le maréchal-président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, lui-même certes autant « despote » qu’« éclairé », comme les précédents, mais très pieux et peu susceptible d’être qualifié « d’islamophobe ».


Rappelons tout de même les propos au vitriol qu’il prononça devant les plus grands imams et oulémas d’Al-Azhar, le 29 décembre 2014, quelques jours seulement avant les attentats de Charlie Hebdo :


« nous ne faisons pas assez concernant un véritable discours religieux. Le problème n’a jamais été notre foi. Il est lié à l’idéologie, une idéologie que nous sanctifions. Je parle d’un discours religieux en accord avec son temps. […] Je m’adresse aux érudits religieux et prédicateurs (…). Il est inconcevable qu’en raison de l’idéologie que nous sanctifions, notre Oumma dans son ensemble soit source de préoccupations, de danger, de tueries et de destruction dans le monde entier (…). Je ne parle pas de « religion » mais d’ « idéologie » – l’ensemble des idées et des textes que nous avons sanctifiés au cours des siècles, à tel point que les contester est devenu très difficile. On en est arrivé au point que [cette idéologie] est devenue hostile au monde entier. Peut-on imaginer qu’1,6 milliard [de musulmans] tuent une population mondiale de 7 milliards pour pouvoir vivre [entre eux] ? C’est impensable. Je prononce ces mots ici, à Al-Azhar, devant des prédicateurs et des érudits. Puisse Allah être témoin au Jour du Jugement de la sincérité de vos intentions (…). Vous ne pouvez y voir clair en étant enfermés [dans cette idéologie]. Vous devez en émerger pour voir les choses de l’extérieur, pour vous rapprocher d’une idéologie réellement éclairée. Vous devez vous y opposer avec détermination ».


Le président égyptien conclut en interpellant directement le Grand Cheik d’Al-Azhar :

« Le monde entier attend d’entendre vos paroles ; il faut élaborer un nouveau discours religieux en accord avec son temps (…). Nous devons révolutionner radicalement notre religion sinon nous courrons à notre perte, et nous en serons les seuls responsables ».


Les réformistes du monde entier vont devoir encore attendre longtemps avant d’entendre des paroles novatrices de la part d’Al-Azhar et d’autres grandes instances mondiales du sunnisme. Même le tout puissant Al-Sissi n’a pas réussi à faire plier l’université du Caire qui a en revanche condamné tant d’apostats libéraux. Le « Grand Cheikh » d’Al-Azhar, Ahmed Mohamed Al-Tayeb, a même récemment justifié d’un point de vue juridique et théologique le fait de ne pas excommunier les jihadistes ou de ne pas leur promettre l’enfer, car « pour exclure quelqu’un, il est nécessaire que ce dernier sorte de sa foi, renie sa foi dans les anges, les livres de Dieu », donc le Coran, les Hadith. Pour lui, s’il est nécessaire de punir les membres de Daesh en tant que « corrompus sur terre », on ne peut pas exclure de l’islam « une personne ni la punir pour apostasie tant qu’elle croit en Dieu ». Cela signifie en termes clairs que pour les autorités islamiques sunnites précitées, les jihadistes sont plus « orthodoxes » et donc plus musulmans que les libéraux réformistes « hérétiques » qui émettent pacifiquement des doutes sur la validité de la Sunna (tradition et corpus sunnites officiels) et de la charià, telles qu’elles ont été fixées depuis des siècles...


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